Résumé :
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Prévention : un beau mot, qui traduit une attitude au fondement du lien social. Or, aujourd'hui, la prévention se fait à la fois opinion, réaction spontanée (nous avons tous des "préventions"), avant même toute rencontre et toute compréhension, et requête fébrile d'une réponse quasi assurée, celle que prétend garantir la mise en uvre des moyens de plus en plus sophistiqués de la science, en médecine par exemple, et de la technique pour la surveillance. De méfiante, assujettissante à force de prétendre anticiper tous les risques de la vie, la prévention ne pourrait-elle pas devenir, simplement, prévenante ? Entre électoralisme et privatisation de la sécurité, les politiques de prévention se voient confinées à un rôle de surveillance des territoires, renonçant ainsi à cibler les causes de la délinquance. La prévention auprès des jeunes est un défi permanent, surtout lorsqu'ils sont stigmatisés par le discours sécuritaire. Parole d'éducateur. Les techniques pour évaluer au quotidien le potentiel de dangerosité des citoyens ne cessent de se perfectionner. Attention danger. Obsédée par la surveillance, notre société prend de plus en plus la figure d'une prison. A croire que nous aurions peur de la liberté.
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