Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS R0xnH977. Diffusion soumise à autorisation]. Contexte. Le radon, gaz radioactif d'origine naturelle, est présent dans l'air que nous inhalons et peut se concentrer à l'intérieur des habitations à des niveaux variables. Il provient de la dégradation de l'uranium et du radium, présent dans la croûte terrestre. On le retrouve à des niveaux élevés dans certaines régions, notamment si les maisons sont construites sur des sous-sols granitiques. Son inhalation peut entraîner le développement d'un cancer du poumon comme l'ont montré de nombreuses données d'expérimentations animales ainsi que des études épidémiologiques conduites initialement chez les mineurs d'uranium. Matériels et méthodes. Du fait du caractère ubiquitaire du radon, la question de l'extrapolation des risques des fortes expositions (rencontrées généralement dans les mines) aux faibles expositions (rencontrées dans les habitations) s'est très vite posée. Plusieurs études épidémiologiques ont été réalisées en population générale en Europe, en Amérique du Nord et en Chine et ont permis, grâce à un protocole d'étude adapté, de répondre à cette problématique. Les informations les plus pertinentes proviennent d'études cas-témoins menées de manière conjointe : elles renferment des informations individuelles sur les principaux cancérigènes pulmonaires, comme la consommation tabagique et les expositions professionnelles, ainsi que des mesures de radon réalisées dans les différentes habitations occupées durant les 30 années précédant le diagnostic de cancer. Résultats. L'estimation du risque de cancer du poumon lié à l'exposition au radon dans les habitations se heurte à deux difficultés majeures : le risque est faible et peut être sous-estimé si l'évaluation rétrospective de l'exposition au radon est peu précise. Les études cas-témoins conjointes ont permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de cancer du poumon en fonction de l'exposition au radon dans les habitations, de quantifier l'interaction entre tabac et radon dans le développement d'un cancer du poumon et enfin de préciser le risque chez les non-fumeurs. Ce travail au niveau international continue sous la forme d'une analyse conjointe réunissant les données de base de 24 études individuelles (13 européennes, huit américaines, deux chinoises et une russe), dans le cadre du programme européen Alpharisk, coordonné en France par l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Conclusion. Le principal apport des études épidémiologiques est d'avoir mis en évidence la présence d'un risque de décès par cancer du poumon, même à des niveaux d'expositions faibles, rencontrés dans un certain nombre d'habitations. Les augmentations proportionnelles du risque par unité d'exposition sont indépendantes des antécédents de tabagisme des sujets. Cependant, puisque le cancer du poumon est beaucoup plus fréquent pour les fumeurs que pour les non-fumeurs, le radon constitue un risque absolu considérablement plus important pour les fumeurs et les ex-fumeurs récents que pour les non-fumeurs. C'est pourquoi la gestion du "risque radon" doit être mené de front avec la lutte contre le tabagisme, cela afin d'obtenir de meilleurs résultats en terme de santé publique.
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