Résumé :
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Sous couvert de modernisation, de réhabilitation ou d'optimisation, il arrive que l'on perde au change : en témoigne la transformation des foyers de travailleurs migrants (environ 800 structures) en résidences sociales, mutation amorcée depuis quinze ans, ces dernières ayant été créées par un décret du 23 décembre 1994. Certes les travailleurs immigrés n'ont jamais été particulièrement privilégiés : bidonvilles, hôtels sinistres et insalubres, foyers Sonacotra, avec de mémorables grèves de loyers, expulsion de résidents
. Un plan sur cinq ans de réhabilitation de ces foyers avait été adopté par l'Etat en 1998. Mais le vieillissement des résidents a accéléré l'émergence de nouvelles réponses, et les nouveaux foyers se sont ouverts, non sans problème d'ailleurs, à d'autres populations. Principal effet de ces résidences sociales, parfois créées ex nihilo : les espaces collectifs, blanchisseries, cafétérias, lieux de prière ou de célébration
se sont évaporés, et la solitude a refait surface. Ainsi, la fonction sociale de cuisines collectives a disparu. En outre l'accès aux droits (reconstitution de carrières pour les retraités, minimum vieillesse, aides ménagères, couverture médicale universelle
.) pose toujours problème. Invisible, mise à l'écart, dérangeante, on se demande pourquoi, cette population immigrée vieillissante des foyers subit une véritable régression de sa condition, déjà plutôt maltraitée. Loin, très loin des espoirs initiaux. Des témoignages émaillent ce dossier. Celui de Marc Bernardot sociologue, et celui de Mody Koulibaly président du comité des résidents du foyer du Retrait dans le XXe à Paris.
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