Résumé :
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Contrairement à celle des droits sociaux, qui occupe depuis longtemps une place éminente dans le débat politico-juridique national (et aussi, désormais européen et communautaire
), la thématique des "devoirs sociaux" ne semble susciter d'intérêt que de loin en loin, au gré des conceptions et/ou des nécessités du moment. Tel fut en particulier le cas, sous la Révolution française, lorsque les gouvernants se demandèrent si les prérogatives "inaliénables" et "sacrées" qu'ils entendaient reconnaître solennellement au profit de l'individu devaient se voir ou non assorties de la reconnaissance non moins solennelle de devoirs à la charge de ce même individu : question à laquelle ils répondirent, on le sait, d'abord par la négative (1789 et 1793), puis par l'affirmative (1795). Tel fut également le cas, sous la Seconde République, lorsque les hommes nouvellement arrivés au pouvoir entreprirent d'affirmer, plutôt qu'un droit de créance de l'homme à l'encontre de la société, un simple devoir de celle-ci à l'égard de celui-là ; tel fut encore le cas sous la République suivante, lorsqu'une grande partie de la classe politique n'eut de cesse de promouvoir l'idée de "devoir social" pour justifier l'évolution de l'Etat-gendarme vers l'Etat-providence et accompagner, de la sorte la création quasi-continue de droits sociaux. Et tel est de nouveau le cas, où face à la volonté des pouvoirs publics d'activer les dépenses sociales, de contrôler au plus près les comportements de nature à porter atteinte aux intérêts de la société ou encore de mettre à la charge des bénéficiaires des prestations sociales la responsabilité de leur propre intégration et insertion, se pose de nouveau avec insistance la question de savoir si, comment et jusqu'à quel point il est possible de corréler droit et devoirs, en faisant des premiers la contrepartie éventuelle des seconds et/ou, inversement des seconds
la contrepartie éventuelle des premiers. Les contributions formant le présent dossier sont issues d'un colloque qui s'est tenu à l'Université François Rabelais de Tours, le 16 mai 2008 en partenariat avec la Revue de droit sanitaire et social. Diane Roman en a assuré la coordination scientifique.
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