Résumé :
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Les liens entre expertise économique et action politique sont complexes. Face à la profusion des connaissances dans les sociétés modernes, les think tanks peuvent jouer un rôle important en favorisant le pluralisme des idées et rendre plus efficace l'expertise. Considérés en France avec curiosité et une certaine méfiance, car n'appartenant pas à la tradition politique française, les think tanks commencent néanmoins à se développer, comme le souligne Pierre Lepetit dans "Accomex". Dans une communication au colloque de l'AFSP, Xavier Carpentier-Tanguy explique que le principal obstacle à leur essor en France est l'existence d'un Etat intégrant la plus grande partie des structures d'expertise. Markus Gabel et René Lasserre se penchent dans "Regards sur l'économie allemande", sur le cas de l'Allemagne. Celle-ci dispose d'un réseau particulièrement riche en structures de conseil indépendant, mais cette offre abondante n'est pas pour autant synonyme d'une intégration efficace dans le processus de décision politique. Malgré l'internationalisation des économies, les organismes de conseil demeurent liés à leur environnement légal, institutionnel et sociétal. Wolfgang Wiegard illustre ce phénomène dans un rapport du "Sachverständigenrat" en comparant trois institutions de conseil : le Council of Economic Advisers (CEA) aux Etats-Unis, le Sachverständigenrat (SVR) en Allemagne et le Conseil d'analyse économique (CAE) en France. Werner Eichhort et Ole Wintermann, quant à eux, s'interrogent dans "IZA discussion paper series", sur l'efficacité finale de l'expertise des think tanks. En s'appuyant sur les cas des réformes récentes de l'Etat providence et du marché du travail, mises en uvre dans trois pays européens, ils concluent notamment que l'efficacité de l'expertise des think tanks est renforcée par la présence de structures corporatistes tels les syndicats.
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