Résumé :
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A l'été 2006, l'affaire Courjault a donné un coup de projecteur subit sur un phénomène jusque-là méconnu de la plupart d'entre nous, mais pourtant bien connu de certains gynécologues, psychiatres ou généralistes. Comment une grossesse peut-elle demeurer invisible jusqu'à son terme ? Comment des femmes peuvent-elles ignorer jusqu'au moment de leur accouchement qu'elles sont enceintes ? Comment certaines de ces mères peuvent-elles aller jusqu'à commettre un infanticide ? On aurait tort de croire que le phénomène touche seulement des femmes qui ne veulent pas d'enfant, des malades mentales ou des adolescentes ignorantes. Non : le déni de grossesse concerne toutes les femmes, même celles qui sont déjà mères. Paradoxal dans des sociétés comme les nôtres, qui vouent un culte à la femme enceinte et scrutent la maternité de la fécondation à l'accouchement, le phénomène témoigne du fait que la grossesse, non réductible à un événement strictement physiologique, constitue au contraire un processus complexe qui implique tout l'être humain, avec son histoire, ses zones d'ombre et sa relation aux autres.
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