Résumé :
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Dans ses missions et dans ses pratiques, le travail social est aujourd'hui confronté à un double paradoxe : celui que font peser sur lui les exigences de fonctionnalité sociale et de rentabilité économique, celui qui est lié au mouvement de subjectivation et de responsabilisation qui caractérise le rapport des individus à leur propre parcours et à leur place dans la société. On le voit, les termes de ce double paradoxe sont eux-mêmes traversés par une relation paradoxale. Les contributions composant cet ouvrage interrogent chacune à leur façon tel ou tel aspect de ces paradoxes du travail social, les unes mettant en avant les difficultés de l'action sociale dans un environnement institutionnel dominé par le souci gestionnaire, d'autres passant au crible les modalités d'intervention et les dispositifs de l'action sociale et questionnant les "valeurs" individuelles qu'ils promeuvent et les "technologies de soi" auxquelles ils donnent lieu, d'autres enfin insistant sur le déficit démocratique dans les instances et les prises de décision du travail social. Dans la plupart des contributions, ces interventions et ces constats sont menés du point de vue des travailleurs sociaux eux-mêmes, pris dans les contradictions et quelquefois les impasses de politiques sociales dont ils ne partagent pas forcément les présupposés et les attendus, contraints par ailleurs de les gérer pour eux-mêmes et pour ceux dont ils sont en charge. Situés au croisement des institutions et des usagers, amenés par leur position d'intermédiaires à entrer dans les "raisons" des unes et des autres, ils offrent un point d'observation vivant et privilégié des questionnements et des défis auxquels est aujourd'hui confronté le travail social. (R.A.)
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