Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSLR 8EmFR0xD. Diffusion soumise à autorisation]. En France, la morbi-mortalité évitable, car accessible à la prévention, reste élevée et concerne surtout les catégories socioprofessionnelles défavorisées. L'objectif de notre étude était d'analyser les différentes interventions de prévention réalisées au quotidien au sein de la consultation de médecine générale de l'Hôtel-Dieu à Paris, où 70% des patients sont en situation de précarité. Il s'agit d'une enquête transversale analysant le contenu des consultations successives qui se sont déroulées sur une période de trois semaines. L'outil de recueil des données était un questionnaire papier portant sur les différents thèmes de prévention abordés ou non au cours de la consultation, sur les freins à la prévention et sur l'utilité de la mise en place d'une "consultation prévention" d'après le médecin et le patient. L'analyse de 211 consultations montre qu'elles concernent une population jeune (44+/-17 ans) à prédominance masculine (53%) et qu'elles sont longues (21+/-8 minutes). Le dépistage des cancers a été abordé, selon leur localisation, avec 25 à 50% de la population cible théorique. Les conduites addictives ont été évaluées dans 50% des consultations, mais le suivi de l'intoxication et l'aide au sevrage ont été peu proposés. La pression artérielle est mesurée dans 50% des consultations. La vérification des vaccinations a concerné 60% des patients et le dépistage de pathologies infectieuses 30%. Les patients ont déclaré dans 70% des cas qu'ils souhaiteraient une consultation de prévention, les médecins ont jugé que cela serait utile dans 30% des cas ; et il y avait discordance plus d'une fois sur deux entre les déclarations. Le manque de temps, la conception du dossier médical, sont, entre autres, des freins identifiés à la mise à jour des différentes actions préventives dont devrait bénéficier chaque patient selon son âge, son sexe, ses antécédents ou son mode de vie. Cette enquête a mis en évidence de nombreuses insuffisances dans nos pratiques préventives. La délégation de certains actes, un dossier médical plus adapté et la mise en place de consultations dédiées pourraient améliorer la prévention en faveur des patients particulièrement vulnérables. Le succès de ces mesures nécessite d'y sensibiliser les médecins et leurs patients. (R.A.).
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