Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSLR EoER0x8H. Diffusion soumise à autorisation]. Dans un contexte de multiplication des tests de discrimination (testing) dans le cadre du refus de soins, cet article a pour objet d'expliquer cette méthode et de discuter son intérêt et ses limites. L'étude a été réalisée en 2008-2009 et avait pour objectif de mesurer le refus de soins de plusieurs catégories de praticiens libéraux à l'égard des bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUc) lors d'une prise de rendez-vous par téléphone et d'un premier rendez-vous. Elle devait permettre aussi d'étudier les déterminants du refus de soins et d'évaluer la méthode. Elle s'est appuyée sur un échantillon représentatif de professionnels parisiens dans les cinq catégories testées, soit omnipraticiens, gynécologues médicaux, ophtalmologues, radiologues et chirurgiens dentistes. La méthode s'appuyait sur deux protocoles l'un où un acteur appelait en se faisant passer pour un bénéficiaire de la CMU et l'autre où il ne précisait pas sa protection sociale mais laissait entendre une situation sociale défavorisée. Les deux protocoles ont été comparés. Dans chacun d'entre eux, ont été mises en oeuvre des procédures de vérification du caractère imputable à la CMU du refus. Dans le protocole avec annonce, les résultats montrent des taux de refus variables en fonction du type de praticiens, médecins ou dentistes, leur spécialité et leur secteur d'activité. Dans le protocole sans annonce, les taux de refus obtenus sont bien moindres. La comparaison entre les deux protocoles va dans le sens d'une discrimination vis-à-vis de la protection sociale, la CMU, plus qu'une discrimination liée à la situation sociale du patient. La discussion précise les limites d'un testing qui reste un dispositif d'expérimentation. Il ne permet pas d'observer la réalité mais révèle des attitudes en situation. Les résultats ne peuvent pas être extrapolés à un autre territoire et restent limités dans le temps. L'analyse statistique n'est valide que si la procédure suivie est rigoureuse, appliquée de manière homogène après construction d'un scénario préétabli. De plus, le caractère discriminatoire du refus doit être confirmé par une procédure de validation du caractère imputable à la CMU du refus (à moins qu'il ne soit énoncé clairement par l'interlocuteur). (R.A.).
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