Résumé :
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Autour de la présence de l'étranger se condense un climat authentiquement paranoïaque qui dénature le droit d'asile et interroge notre capacité à vivre ensemble. Que devient un homme non reconnu comme tel par ses semblables du côté de ses droits et de sa place sur la scène publique ? Et ses enfants ? Et que deviennent tous ceux qui vivent dans la méfiance de l'étranger ? Un tel climat produit de la haine, immobilise l'intelligence et s'accompagne de psychorigidité identitaire avec un déni de la réalité. On imagnine quelle catastrophe anthropologique serait la transformation soutenue d'une altérité souffrante en une clandestinité coupable ! Comment situer la préoccupation de santé mentale dans ce contexte politique qui met les intervenants en malaise ? Il s'agit d'abord d'éviter que les procédures d'accueil et de dossier ne soient antagonistes à la santé mentale. Ainsi, les éléments concrets de l'accueil, tel le logement, apparaissent-ils très importants : seul un habitat stable permettant autre chose qu'une logique de survie immédiate autorise l'accès aux soins psychiques. Non que cette forme de soin doive être la règle pour traiter les traumatismes des demandeurs d'asile : loin d'être simple, un tel accès se fera éventuellement en temps approprié, au cas par cas. Comment faire avec ce qu'ils ont laissé là-bas, avec ce qui les poursuit et les hante encore, avec l'exigence d'adaptation qui leur est demandée ici.
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