Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS 8DtR0x89. Diffusion soumise à autorisation]. Les décisions concernant l'orientation des services de santé publique diffèrent de celles qui portent sur les services de santé individuelle. Les deux nécessitent des compromis entre les objectifs visés, que ce soit la liberté, la sécurité, l'efficacité ou l'équité. En santé publique toutefois, quand on a décidé qui doit approuver, payer et fournir les services, il faut souvent décider en plus quand et comment imposer des comportements individuels. Les politiques de santé publique sont donc plus complexes, car les différents intervenants interprètent les données différemment : ils n'accordent pas nécessairement la même importance à chaque objectif stratégique et peuvent même définir autrement des objectifs identiques. Dans le débat sur l'imposition ou non du vaccin antigrippal annuel aux travailleurs de la santé, par exemple, les partisans et les adversaires de la vaccination obligatoire peuvent invoquer la sécurité dans leurs arguments. Ceux qui sont pour la vaccination obligatoire insistent sur les infections subcliniques et le devoir de diligence (la sécurité publique), tandis que ceux qui sont contre insistent plutôt sur le risque d'effets secondaires (la sécurité personnelle). Les partisans préconisent une diminution de l'absentéisme chez les travailleurs (l'efficacité), tandis que les adversaires mettent en garde contre la coercition et préfèrent d'autres mesures personnelles de contrôle des infections (liberté et droits/responsabilités individuels). On assiste par conséquent à un dialogue de sourds. Si l'on veut déterminer l'importance à accorder à la vaccination antigrippale obligatoire des travailleurs de la santé, il faut donc concilier les compromis stratégiques et clarifier les différends qui se cachent sous les mots utilisés dans le débat d'orientation des politiques.
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