Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS R0x4cyX6. Diffusion soumise à autorisation]. La pandémie de VIH/SIDA et les réponses qui lui ont été apportées ont fait apparaître des injustices claires sur le plan politique, social et économique au sein des nations et entre elles. La manifestation la plus frappante de ces injustices est l'inégalité dans l'accès au traitement du SIDA. Dans les pays riches, le traitement antirétroviral devient une référence en matière de soins pour les personnes atteintes du SIDA, alors que le même traitement est actuellement à la disposition de quelques privilégiés seulement dans les pays disposant des revenus les plus faibles. Des malades sans capital financier et social suffisant, c'est-à-dire la plupart des personnes atteintes du SIDA, meurent chaque jour par milliers. Les initiatives récentes en matière de traitement contre le SIDA, telles que l'ONUSIDA et le Programme "3 millions d'ici 2005" de l'OMS, visent à corriger ce symptôme de l'injustice mondiale. Cependant, le succès de ces initiatives repose sur l'identification des personnes ayant besoin d'un traitement grâce à un dépistage rapide et à grande échelle du VIH. Le présent article examine brièvement les principales difficultés éthiques soulevées par l'accélération du dépistage du VIH dans les pays à faibles ressources, dans la ligne de la politique 2004 de dépistage systématique du VIH ("avec consentement présumé"), recommandée par l'ONUSIDA et l'OMS. L'article suggère que dans les pays caractérisés par la pauvreté, la faiblesse des soins de santé et des infrastructures de la société civile, les inégalités hommes/femmes et la stigmatisation persistante des personnes atteintes du VIH/SIDA, les politiques de dépistage du VIH avec consentement présumé peuvent s'écarter des idéaux en matière de droit humain qui, dans les premiers temps, avaient motivé les appels à un accès universel au traitement anti-sida. Il laisse ouverte la question éthique de la légitimité des politiques reposant sur le consentement présumé, mais recommande, au cas où une telle politique serait mise en place dans un pays à faibles revenus, que ses effets sur les individus et les collectivités soient soumis à une étude empirique, à une surveillance sous l'angle des droits humains et à un examen éthique approfondi.
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