Résumé :
|
L'objectif de ce travail est d'analyser la géographie du SIDA en Europe occidentale avec le regard du démographe, dans une perspective de compréhension des différences spatiales existant sur ce plan, à divers échelons territoriaux. Dans cette optique, on s'est attaché à construire des indices éliminant l'effet des différences de structure d'âge, que ce soit pour l'intensité des entrées dans le SIDA ou pour la mortalité par le SIDA. L'étude des différences nationales, d'incidence et de mortalité, du SIDA dans dix pays d'Europe occidentale permet de confirmer certaines spécificités nationales tout en en relativisant certaines autres. L'analyse détaillée en Espagne et en Suisse, au regard des résultats de travaux déjà réalisés pour la France (CH. De Bergouignan, 2004), confirme une concentration générationnelle massive de l'incidence du SIDA qui est elle-même le fruit de la combinaison d'un effet de conjoncture thérapeutique, d'un effet d'âge, d'un véritable effet de génération, et d'une surmortalité par SIDA aux jeunes adultes. Enfin ce travail révèle des différences régionales d'incidence du SIDA dans ces trois pays, très fortes avant la généralisation du recours aux multithérapies, considérablement réduites depuis 1996, mais qui subsistent toujours, et s'expliquent en partie par les différences de poids des étrangers dans les populations régionales, notamment pour certains modes. L'étude des différences d'incidences du SIDA entre ces groupes infranationaux de territoires, qui conduit à la mesure, à cette échelle, des conséquences en matière de mortalité de ces disparités, permet par ailleurs à mettre en évidence des effets frontières plus ou moins patents.
|