Résumé :
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La récente hausse brutale des prix des biens alimentaires contraste avec la longue période de baisse régulière des prix de la plupart des produits de base au cours des années 1980 et 1990. A titre d'exemple, le prix du riz a augmenté de 141 % depuis 2007. Le renchérissement de ces biens est, selon Thomas Helbling, Valérie Mercer-Blackman et Kevin Cheng dans "Finances et Développement", largement imputable à l'évolution de la demande des pays émergents comme la Chine. La crise alimentaire est inédite dans la mesure où elle concerne désormais une population urbaine appartenant à la classe moyenne. A terme, elle est susceptible, comme le précise Benjamin Neumann dans l'Expansion, d'être profitable à certains producteurs agricoles du Sud qui ne perçoivent pas de subventions. Ces derniers pourraient en effet tirer profit de la hausse actuelle des prix pour investir et augmenter leur production. Le boom des prix des biens alimentaires a également relancé le débat autour de l'aide attribuée aux pays en voie de développement (PED). Les pays du Nord l'ont, comme le rappelle Vivienne Walt dans Time, progressivement diminuée au cours des dernières années, considérant que, grâce aux succès de la "révolution verte", les problèmes alimentaires des pays du Sud appartenaient désormais au passé. Quoi qu'il en soit, le recours à l'aide alimentaire ne constitue qu'une solution de court terme. The Economist se demande comment soutenir dans la durée les petits producteurs des PED qui souffrent des défaillances du marché et ne disposent pas de moyens suffisants pour réagir aux signaux émis par les prix. Accroître la libéralisation commerciale du secteur agricole ne permettrait pas, en tout cas, comme le montrent Christophe Gouel et Maria Priscila Ramos dans la Lettre du CEPII, de résoudre la crise alimentaire mondiale. L'impact d'une diminution des droits de douane américains et européens ne serait en effet profitable qu'aux grands pays producteurs du Sud, comme le Brésil qui bénéficierait à lui seul de la moitié du total des gains.
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