Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS R0xkj94T. Diffusion soumise à autorisation]. Dans les situations d'urgence, les systèmes d'information sanitaire (SIS) doivent faire face à un dilemme : les informations nécessaires pour comprendre les crises humanitaires et y répondre doivent être disponibles en temps utile et détaillées, alors que les conditions régnant pendant ces crises rendent extrêmement difficiles leur collecte. En s'appuyant sur le travail technique effectué par le Réseau de métrologie sanitaire sur les SIS et en partant d'une définition systémique de ces systèmes dans les situations d'urgence, le présent article passe en revue les diverses plateformes de collecte des données dans ce type de contexte. Il examine notamment ce que ces plateformes peuvent apporter en matière d'information sanitaire et permet ainsi aux acteurs humanitaires de mieux cibler leur intervention en fonction des besoins réels. Si les erreurs de notification de cas ou d'échantillonnage de population sont inévitables, il importe toutefois de les identifier et, par là même, de reconnaître les limites à la généralisation des données recueillies dans des environnements fortement hétérogènes. Pour être efficaces en situation d'urgence, les SIS exigent intégration et participation. Malgré des efforts notables pour coordonner la collecte des données et les méthodes de diffusion entre les organisations humanitaires, il est noté que la coordination sur le terrain dépend du poids et de la présence d'une organisation chef de file, souvent l'OMS, et de l'engagement financier des organisations humanitaires dans la production de données. Les SIS mal intégrés génèrent des statistiques fragmentaires, incomplètes et souvent contradictoires, d'où un mauvais usage des chiffres, ayant des conséquences négatives sur les interventions humanitaires. L'article souligne l'importance de soumettre les statistiques sanitaires dans le domaine humanitaire à un processus de vérification rigoureux et coordonné avant de les publier, en tant que moyen d'éviter la confusion à leur propos. Le protocole de vérification doit décrire les différentes étapes de la chaîne de production de telle ou telle donnée, tant sur le plan technique que fonctionnel, et indiquer les limites et les hypothèses dans le cadre desquels les chiffres sont utilisables. Enfin, l'accent doit être mis sur l'obligation éthique, pour les organisations humanitaires, de s'assurer de l'application de mesures de sécurité permettant de préserver la confidentialité des informations relatives aux victimes et aux minorités dans les contextes politiquement sensibles.
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