Résumé :
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Tout au long de l'hiver 2006-2007, la mobilisation du monde associatif autour des sans-abri "logés" sous des tentes en plein Paris a débouché sur une prise de conscience de l'opinion publique et du monde politique des difficultés croissantes que rencontrent les ménages pauvres et modestes pour se loger. La question de l'exclusion du logement n'est pas nouvelle, mais il a fallu un déclencheur médiatique pour que l'on en vienne à faire adopter une loi instaurant "le droit au logement opposable". Que peut apporter cette loi ? Pourquoi a-t-elle vu le jour et que pourra réellement régler ? Pour comprendre s'il s'agit d'un réel changement de cap des politiques du logement ou seulement une énième tentative de résolution de la crise récurrente du logement, ce numéro se propose de décortiquer le contexte dans lequel cette loi intervient et son influence réelle. Le premier article présente les changements institutionnels en cours et met en évidence les contradictions et les incohérences qui traversent les politiques du logement actuelles. Ce texte montre notamment comment les collectivités locales se trouvent souvent en porte-à-faux face à une décentralisation encore incomplète et face aux injonctions paradoxales qui leur viennent de l'Etat. Les trois articles suivants proposent un éclairage critique sur quelques-unes des politiques mises en oeuvre depuis cinq ans. Qu'il s'agisse des mécanismes favorisant la production d'un parc locatif privé, l'accession à la propriété ou qu'il s'agisse encore de dispositifs visant à aider les plus démunis ou à prévenir l'expulsion de leur logement, le moins qu'on puisse dire est que le bilan des actions menées est mitigé. Le quatrième article enfonce le clou en montrant comment les politiques actuelles manquent leur cible. En effet, les responsables des deux derniers gouvernements n'ont eu de cesse de clamer qu'ils souhaitaient aider les classes moyennes et les "français qui travaillent" mais ils ont orienté l'essentiel de l'effort de la collectivité vers les classes supérieures et vers les détenteurs de patrimoine. Enfin, le dernier article tente de faire la synthèse des textes précédents afin de statuer sur le caractère réellement opératoire de la démarche consistant à rendre le droit au logement opposable.
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