Résumé :
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Un peu partout dans le monde, Karl Polanyi (1886-1964) apparaît désormais comme la référence théorique et doctrinale principale de tous ceux, économistes, sociologues, historiens ou politologues, qui ne se résignent pas à la marchandisation générale de nos sociétés. Une référence plus maniable que Marx, parce que clairement humaniste et démocratique, et qui parle aussi bien aux réformistes un peu radicaux qu'à ceux qui entendent toujours abolir le capitalisme. La force de Polanyi est de lier étroitement trois thèmes de plus en plus d'actualité: 1) celui de la non-naturalité du marché autorégulé et de l'Homo oeconornicus; 2) celui qui considère que la tare principale de ce marché généralisé est de traiter comme des marchandises des biens qui ne peuvent pas l'être (la nature, le travail et la monnaie, à quoi il faut ajouter aujourd'hui le savoir); 3) celui de l'autonomie de la démocratie par rapport au marché: ce n'est pas le marché, montre-t-il, qui crée la démocratie. Certains éléments de l'uvre proprement historique ou anthropologique de Polanyi ont vieilli et il importe de préciser lesquels. Mais on ne peut pas douter que ces thèmes-là et les questions qu'ils soulèvent renvoient aux problèmes majeurs d'aujourd'hui. Ce numéro de la Revue du MAUSS (qui a introduit le débat sur Polanyi en France il y a vingt-cinq ans) fait le point sur le statut de cette uvre singulière.
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