Résumé :
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Quatre personnes venues d'horizons différents nous donnent leur avis sur le sujet de la société face à la délinquance. Hugues Lagrange relie l'évolution de la délinquance en Europe et en Amérique du Nord à l'allégement des hiérarchies traditionnelles et l'affaiblissement de l'autocontrôle, mais beaucoup plus nettement à la crise de l'Etat social et à la dualisation accrue de la société. Si certaines analyses contestent l'augmentation des crimes et des délits et dénoncent un Etat de plus en plus répressif, pour Didier Peyrat telles positions font fi des évidences, les indicateurs convergeant pour attester une montée de la délinquance. Il observe aussi que les statistiques de la police et de la justice révèlent une baisse d'efficacité de l'appareil pénal. Eric Macé récuse l'objectivité des indicateurs de la délinquance qui refléteraient surtout l'activité des services de police et qui ne disent rien de l'insécurité sociale des milieux populaires ni des carences des diverses institutions à l'égard des populations appartenant à ces mêmes milieux. Bruno Aubusson de Cavarlay montre ici comment s'élabore la statistique policière laquelle constitue désormais l'outil principal de référence en matière de délinquance, et quelles en sont les limites, insiste sur les précautions méthodologiques devant présider à l'interprétation des chiffres, sous peine comme c'est parfois notamment le cas, pour la délinquance juvénile, de procéder à des comptages dépourvus de toute rigueur.
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