Résumé :
|
Ce numéro des Actes voudrait surtout rendre hommage à son fondateur en publiant certains de ses textes, importants et encore inédits en français, ainsi que des articles qui portent sur ce qui nous semble être le plus spécifique de son uvre et de sa manière de concevoir les sciences sociales. La plupart des textes présentés dans ce numéro ont à voir avec les premiers travaux qu'il a menés en Algérie. Il avait coutume de dire, en une formule sans doute excessive mais qui comporte une part de vérité, qu'il avait pratiquement "tout trouvé" lors de ses enquêtes, observation qui, au passage, met en doute l'existence d'une coupure radicale entre ses travaux "ethnologiques" en Algérie et les recherches "sociologiques" qu'il a ensuite menées en France. Les articles publiés dans ce numéro reviennent sur deux aspects de l'uvre de Pierre Bourdieu qui doivent très directement à son expérience algérienne. Contre les divisions disciplinaires, il affirme très tôt, de manière très durkheimienne, l'unité des sciences sociales. S'il aborde la société traditionnelle Kabyle avec les méthodes qualitatives (et " traditionnelles ") de l'ethnologie, recueil de rites, usage de la photographie, observation, description des lieux, entretiens nombreux avec des informateurs, etc
il utilise également la technique du questionnaire et les méthodes quantitatives de la sociologie, nouant même, dès cette époque, des relations étroites et durables avec des statisticiens de l'INSEE. L'histoire, l'ethnologie, l'économie, la linguistique, la sociologie, etc... sont pour lui, autant d'approches d'une même science, l'anthropologie, qu'il s'agit de construire, non pas par une simple addition ou juxtaposition des disciplines existantes mais par une interrogation rigoureuse et exigeante de chaque approche disciplinaire par toutes les autres.
|