Résumé :
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[BDSP. Notice produite par ORSRA 9R0xrB7F. Diffusion soumise à autorisation]. Les troubles d'acquisition de la lecture constituent le problème principal d'apprentissage des enfants. En France, les données épidémiologiques sont rares. La recherche, majoritairement en langue anglaise, concerne soit le champ sociologique, soit le champ cognitif, se limitant alors aux critères stricts de dyslexie. Peu d'études, dont aucune en langue française, mettent en lien les facteurs prédictifs sociaux, cognitifs et comportementaux. Le but de notre travail est d'analyser les variables liées à différentes compétences de lecture, à partir du dépistage d'un échantillon d'enfants parisien. Méthode : Tous les enfants de cours élémentaire première année (CE1) ou redoublant le cours préparatoire (CP) de 20 écoles parisiennes réparties en trois tiers selon la zone d'habitation, favorisée, moyennement défavorisée ou très défavorisée, ont participé à un screening des troubles de la lecture, puis à une confirmation, par un examen individuel, des différentes compétences en lecture. Cent trente et un faibles lecteurs, ainsi qu'un groupe de 50 bons lecteurs ayant la même répartition par âge, sexe et classe, ont bénéficié d'une large évaluation médicale, cognitive, comportementale et socioéconomique. Les facteurs liés à la lecture ont été recherchés par comparaison des deux groupes ainsi que par des régressions linéaires sur les valeurs quantitatives des différentes compétences en lecture. Résultats : La prévalence des difficultés de lecture était largement influencée par l'environnement (3,3% dans la zone favorisée et 20,5% dans la plus défavorisée). La profession du père était liée à la lecture. Sur le plan cognitif, les différentes compétences phonologiques - principalement conscience phonologique et dénomination rapide - sont les facteurs les plus significativement liés, bien plus que l'intelligence. Sur le plan comportemental, l'inattention retentit sur la lecture et non les troubles de conduites. Les régressions multiples montrent que les différentes compétences en lecture sont liées à la conscience phonologique et l'inattention. Conclusion : Les enfants faibles lecteurs sont majoritairement issus de zones défavorisées. La conscience phonologique, comme largement décrit dans la littérature, ainsi que dans une moindre mesure les déficits d'attention, sont les facteurs les plus prédictifs des compétences en lecture, compte tenu de l'environnement socioéconomique. Ces données nouvelles en France fournissent des orientations pour les bases d'un programme de prévention efficace. La mise en place d'un programme d'entraînement au décodage s'avère particulièrement nécessaire en milieu défavorisé, où les troubles d'acquisition de lecture sont particulièrement fréquents. Le rôle de la conscience phonologique sur les compétences en lecture suggère l'utilisation de programmes pédagogiques tels que ceux utilisés aux États-Unis.
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