Résumé :
|
[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS G041R0xq. Diffusion soumise à autorisation]. Une analyse empirique du risque de contracter une infection à Legionella pneumophila (L.p.) et à Pseudomonas aeruginosa (PA) a été tentée aux Thermes nationaux d'Aix-les-Bains en présence de données à la fois épidémiologiques et bactériologiques recueillies simultanément lors d'une enquête poursuivie pendant 10 ans (1990-99). Un réseau de veille des pneumopathies à 4 niveaux (médecins thermaux, hôpitaux, laboratoires d'analyses, Centre national de référence des légionelles) a été mis en place en avril 1990. Il a permis la surveillance de 408500 curistes au cours de la décennie. Pendant cette période, le laboratoire de l'établissement a effectué 10136 analyses bactériologiques dont 4086 pour L.p. et 3882 pour PA. Résultats. Legionella pneumophila. En dix ans ont été signalées 299 pneumopathies dont 46 (1.5,4%) légionelloses confirmées ce qui correspond à un risque moyen de 0,11 légionelloses pour 1000 curistes. Les trois premières années ont été marquées par une épidémie de légionellose qui s'est achevée en 1992 ; depuis 1993, le risque, de type endémique, peut être estimé de 0,03 à 0,08 pour 1000 curistes (de 1 à 3 cas pour 39000 curistes annuels). En même temps il a été établi un indice de contamination annuel à partir de la moyenne logarithmique des concentrations de L.p. aux points d'usage. Cet indice a varié entre 3,53 et 4,8 les 3 premières années puis entre 0,10 et 3,32 les 7 années suivantes. P. aeruginosa. Il n'a pas été constaté de pathologie attribuable à ce germe. La surveillance bactériologique a été particulièrement attentive en 1999 (487 analyses aux points d'usage). Les résultats ont été regroupés mois par mois. La période de juillet à novembre a été la plus contaminée avec jusqu'à 8,7% d'analyses à des concentrations supérieures à 1000 UFC/250mL. Discussion. Legionella pneumophila. Si 15% seulement des pneumopathies ont pu être rapportées à L.p., il existe une corrélation très élevée entre ces cas de légionellose et l'ensemble des pneumopathies (r=0.95), ce qui laisse à penser que les autres pneumopathies sont aussi des légionelloses ou qu'elles sont dues à des germes proches de Legionella, nosocomiaux comme elle et sensibles aux mêmes mesures de décontamination. Le petit nombre de cas observés et leur répartition sur l'ensemble de l'année ont conduit à regrouper par année les mesures cliniques et bactériologiques (indice de contamination annuel). De la comparaison des deux courbes il ressort que le nombre de germes ne suffit pas à prédire la survenue des pneumopathies. Il intervient un facteur de virulence qui échappe à l'investigation bactériologique. En conséquence, aucune consigne précise ne peut être déduite de l'étude. P. aeruginosa. Il apparaît qu'avec des concentrations supérieures à 1000 UFC/250mL dans 8 à 9% des prélèvements il n'est pas observé de manifestations pathologiques. Conclusion. Legionella pneumophila. Il n'y a pas d'argument pour critiquer l'attitude du CDC américain qui ne conseille pas de réaliser des analyses de légionelles en routine ni de prendre des mesures correctrices dès qu'il en est détecté dans les réseaux de distribution d'eau et qu'il est plus important de veiller à la mise en oeuvre d'un entretien constant de bon niveau. P. aeruginosa. Les données montrent que, en l'absence de pathologie observée malgré des concentrations bactériologiques parfois élevées, il n'existe aucun argument en faveur de taux d'intervention bas contre ce germe en milieu thermal.
|