Résumé :
|
Vieillir dans une cité constitue une manière particulière de vieillir et une manière particulière de vivre dans une cité. Cette réalité, souvent délaissée par les médias, les politiques publiques et par la littérature sociologique, s'articule autour d'un double stigmate : celui d'être vieux dans un quartier où la jeunesse est prédominante, et plus généralement dans une société où la jeunesse constitue une valeur fondamentale ; et celui de vivre dans un environnement défavorisé, et de ne pas avoir accès aux rôles sociaux et familiaux véhiculés par l'image de la retraite privilégiée représentée dans les médias. La situation sociale de ces personnes âgées et l'environnement dans lequel elles vivent sont un rappel incessant de ce stigmate, dont le "maniement" passe par des processus de justification dans le discours et par des stratégies de distinction physique et sociale qui leur permettent de protéger leur identité. Le poids de ce stigmate diffère toutefois selon les personnes âgées, autour de deux facteurs majeurs : l'âge et l'état de santé qui en est le corollaire et le capital familial et social. Quatre manières de vivre la vieillesse dans une cité peuvent être définies : le repli d'exclusion, le repli de protection, la participation détachée et la participation exclusive. Pour ces personnes âgées qui se sentent laissées pour compte et inutiles, vieillir représente une déchéance dont le sentiment informe le comportement et les opinions, en particulier dans un environnement marqué par la violence et les dégradations, dans le sens d'un rejet et d'une dénonciation.
|