Résumé :
|
Les recompositions des relations entre territoires politiques observables dans la période récente se sont accompagnées de changements dans la sphère des idées, avec notamment l'apparition des notions de gouvernance et de la nouvelle gestion publique (new public management). Ces notions ont une influence significative au Canada comme en Europe où elles ont participé à une modification des processus d'élaboration des politiques et à l'adoption de nouveaux outils de gouvernement. Le présent article montre qu'au Canada, le gouvernement fédéral a cherché à instrumentaliser ces notions dans les années 1980 et 1990 et que cela a suscité une nouvelle façon de penser et de pratiquer les relations entre Etat fédéral et provinces, tout particulièrement dans le domaine des politiques sociales. L'analyse de trois secteurs de ce domaine, la santé, l'enfance et l'emploi, révèle néanmoins que les outils utilisés ne sont pas exactement les mêmes dans chaque secteur. Elle montre aussi que la diversité à travers le territoire canadien reste la norme du fait de chaque province, en utilisant les marges de manoeuvre propres au régime fédératif, cherche au même titre que l'Etat fédéral à influencer l'orientation de la recomposition territoriale en négociant sa place dans la fédération. Au total le Canada est à la croisée des chemins, le gouvernement fédéral semblant hésiter entre une inclinaison à faire cavalier seul, en mobilisant les ressources de la nouvelle gestion publique, et une valorisation de négociations continuelles avec les gouvernements provinciaux, conformément aux préceptes de la nouvelle gouvernance.
|