Résumé :
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En matière de lutte contre les discriminations, la voie est étroite entre une négation "vertueuse" des origines, de l'ethnicité, qui empêche de prendre en compte et de mesurer précisément l'ethnicisation des rapports sociaux à l'oeuvre dans la vie quotidienne (cas français), et une politique consistant à aider telle ou telle population en fonction de ses handicaps sociaux certes, mais aussi et surtout en fonction de ses origines (cas américain). Dans le premier cas on ne se donne pas les moyens de mieux connaître les discriminations, et les populations qui en sont les victimes, alors que cela semble indispensable pour mieux combattre ce fléau. Dans le second cas on s'autorise à identifier précisément en particulier statistiquement les populations plus directement touchées par les discriminations. Mais en focalisant sur elles les mesures de rattrapage des handicaps, on prend le risque d'exacerber un peu plus les antagonismes "raciaux". Ici, on combat les discriminations quasiment à l'aveugle ; là-bas, la politique d'Affirmative action est remise en question, en particulier par les populations majoritaires ceux que le sociologue américain Erving Goffman appelle les "normaux"qui s'estiment lésées par les mesures compensatoires en faveur des minorités.
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