Résumé :
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Les progrès de la médecine technoscientifique font courir le risque de réduire le malade à n'être plus que le support des maladies. La douleur du malade comme sa souffrance sont le plus souvent ramenées à un dysfonctionnement cérébral, voire neuronal ou moléculaire. À l'époque de la télémédecine, le colloque singulier médecin malade serait condamné à disparaître au profit des innovations technologiques. La clinique traditionnelle, cette médecine au chevet du malade, se trouve alors réduite à une peau de chagrin, celle des bons sentiments et d'un humanisme coincé entre l'économiquement " acceptable " et le scientifiquement " correct ". Pour sortir de cette impasse et dès lors que la médecine prétend au qualificatif d'humaine, la psychanalyse constitue son avenir et sa chance de survie en tant que telle. A partir de sa pratique de médecin en exploration fonctionnelle respiratoire et d'un travail psychanalytique en psychiatrie, l'auteur montre que la clinique ne vise pas à dire l'exact de ce qui cause la maladie mais le vrai de la " maladie du malade " (Canguilhem). La mise en uvre de la méthode freudienne permet de révéler dans la rencontre les déterminations inconscientes de toute demande, sa vérité subjective, et éviter, ce faisant, les surenchères des actes médicaux. L'avenir technoscientifique de la médecine est riche de promesses. L'évidence du fait ne mérite pas qu'on le néglige. Mais des promesses sans le souci de la dimension humaine des actes médicaux ne sont que vaines, porteuses d'illusions et grosses de souffrances. Dans la suite de L'instant de dire (1997), le pari de La douleur du malade est de rappeler à tous les soignants leur devoir éthique : il convient de traiter le malade aussi bien que la maladie.
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