Résumé :
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Avant de devenir professeur de sociologie à l'université de Berkeley, Erving Goffman s'est fait, trois années durant, l'ethnologue scrupuleux des malades mentaux internés dans les hôpitaux psychiatriques. Il présente dans Asiles une interprétation en profondeur de la vie hospitalière qui situe les pratiques thérapeutiques quotidiennes dans leur cadre le plus objectif, celui d'une "institution totalitaire", c'est-à-dire d'un établissement investi, comme la prison ou le camp de concentration par exemple, de la fonction ambiguë de neutraliser ou de réadapter à l'ordre social un type particulièrement inquiétant de déviants. La tension, et souvent la contradiction, qui existe entre l'exigence thérapeutique et ces impératifs de sécurité et de contrôle social rend compte du mode conflictuel de l'existence asilaire et des malentendus de la vie quotidienne au sein de l'hôpital. Par-delà les troubles de sa subjectivité, le malade mental est ainsi aliéné au second degré, parce que la maladie est institutionnalisée dans un espace social qui lui impose les déterminations majeures de la servitude.
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