Résumé :
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Une proportion importante de personnes âgées consomme des médicaments psychotropes et beaucoup d'entre elles le font pendant plusieurs années. Nombre d'études épidémiologiques démontrent pourtant que des risques accrus de troubles cognitifs, de chutes et d'hospitalisation sont associés à cette consommation. Aussi, il n'est pas étonnant de constater l'intérêt croissant pour ce phénomène et la multiplication des études axées sur "l'utilisation rationnelle des médicaments", c'est-à-dire l'utilisation définie par les autorités de santé publique selon les indications pour lesquelles les médicaments sont mis sur le marché. Cette démarche se fonde cependant sur l'a priori d'un comportement scientifique et standardisé de la part des médecins, les déviations aux normes cliniques étant d'emblée considérées comme irrationnelles. Or, c'est compter sans les facteurs dits "subjectifs" qui sous-tendent la relation thérapeutique, tels que le poids de la demande exprimée par le patient, la forte symbolique du médicament et de l'acte de prescrire. A partir d'une enquête portant sur les représentations des médecins concernant la prescription de psychotropes aux personnes âgées, cet article vise à cerner les étapes de la construction d'une rationalité face à la décision de prescrire.
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