Résumé :
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Instituer des inégalités pour promouvoir l'égalité, tel est le pari des politiques de discrimination positive : elles visent à rétablir une égalité des chances compromise par le consentement des inégalités socio-économiques d'une part, la généralisation ou la persistance de pratiques racistes ou sexistes d'autre part. Mais elles suscitent un vif débat. La première question est celle de l'efficacité de ces différences de traitement. Un ciblage accru des prestations sociales et des dépenses publiques permettra-t-il de renforcer la cohésion sociale, ou faut-il craindre l'émergence d'effets pervers qui aboutiront à l'inverse du résultat recherché ? Les préférences accordées aux femmes et aux victimes de discrimination raciste mettront-elles fin à une situation inacceptable à tous égards, ou vont-elles légitimer, par contrecoup, la catégorisation sexuelle et raciale des individus ? A ce débat s'ajoute celui sur la comptabilité entre nos principes républicains et ces politiques qui contreviennent aux principes d'universalité des prestations, d'égalité devant le service public et dans l'accès aux emplois publics, mais aussi d'indifférenciation du corps politique. L'exemple des Etats-Unis et des politiques d'affirmative action introduites dans ce pays depuis la fin des années soixante ne peut que renforcer cette interrogation sur le bien-fondé et l'utilité de telles mesures.
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