Résumé :
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La loi relative à la bioéthique votée par le Parlement français en 2004 qualifie le clonage reproductif de "crime contre l'espèce humaine". C'est dire à quel point le champ social se sent menacé par certains aspects de l'ingénierie génétique. Nous analysons ici les multiples enjeux sociaux du clonage. Le domaine de la bioéthique constitue un laboratoire à ciel ouvert pour qui veut étudier les processus de formation de normes dans une société pluraliste. S'y donne notamment à voir l'intrication entre les controverses axiologiques et les logiques économiques. Après avoir spécifié ce qu'est précisément le clonage, nous restituons les étapes à travers lesquelles cet horizon à la fois réel et fantasmatique est devenu l'objet d'un débat public. Nous examinons ensuite les principaux arguments émis en faveur et à l'encontre du clonage reproductif. Une attention particulière est accordée aux arguments qui concernent les dangers que le clonage ferait peser sur le lien social (rupture des principes de la filiation, résurgence de l'eugénisme, etc.) Nous étudions enfin les difficultés auxquelles se heurte la formulation d'un interdit à la fois au plan national et international. En conclusion, nous essayons de montrer comment le discours de certains biologistes sur le clonage constitue une puissante invitation à amplifier le dialogue entre les sciences de la vie et la sociologie.
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