Résumé :
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La politique des " 80% au bac " menée depuis 1989 s'est traduite par une explosion scolaire : de 1985 à 1995 le taux d'accès au baccalauréat d'une génération est passé de 32% à 62% . Parallèlement les filières au lycée se sont diversifiées, les bacs multipliés et le recrutement social élargi, même si la " barrière " du bac reste encore infranchissable pour plus d'un tiers d'une génération. Le bac passeport vers les études supérieures, certes. Mais c'est ensuite que l'espace des possibles se resserre ou s'élargit. En effet, depuis vingt ans, le système post-bac s'est fortement hiérarchisé, avec, d'un côté les filières " sélectives " (classes prépas, IUT, voire BTS) et, de l'autre, la filière " ouverte " du DEUG à l'université qui accueille les étudiants les moins bien formés car c'est l'ensemble de la trajectoire scolaire antérieure qui détermine le cursus suivi dans l'enseignement supérieur. L'accès au baccalauréat et aux premiers cycles universitaires, perçu par une majorité de jeunes et leurs familles comme la voie incontournable vers une insertion professionnelle plus valorisante que celle des générations antérieures, masque donc bien souvent un processus d'élimination différée des enfants de milieu populaire. La prolongation d'études a également modifié en profondeur l'équilibre du système éducatif, notamment en transformant la nature des diplômes professionnels, tel le BEP qui cesse d'être un diplôme d'entrée sur le marché du travail. L'élévation globale du niveau de formation entraîne une disqualification sociale des moins diplômés qui se retrouvent transformés en " sous-diplômés ", notamment dans un contexte de chômage où ils sont supplantés par les plus diplômés. Constatant le déséquilibre des filières de formation et la stagnation de la démocratisation, les responsables gouvernementaux appellent à une "nouvelle gouvernance de l'école". Par ailleurs, les perspectives qui s'ouvrent en matière de formation continue, et notamment celle de la validation des acquis de l'expérience, offrent sans doute une occasion de sortir d'une logique du "tout scolaire" qui aurait atteint ses limites.
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