Résumé :
|
De l'affaire du sang contaminé aux controverses sur le changement climatique, l'expansion de la demande d'expertise s'accompagne d'une méfiance systématique à l'égard des jugements exprimés. L'affirmation selon laquelle "les experts sont formels" suffisait autrefois à faire cesser tout débat. Aujourd'hui, l'administrateur est en proie aux affres de la prise de décision en situation d'incertitude et à la hantise du pénal. De leur côté, les experts, souvent divisés, se voient interpellés par les acteurs politiques et par la société civile. Dans ce numéro qui reprend et complète les contributions réunies à l'occasion du colloque organisé par l'ENA, décideurs, ingénieurs et chercheurs abordent sans détour des questions telles que le statut de l'expert et son indépendance - qui n'est peut-être qu'un mythe - les difficultés de la décision politique, les ambiguïtés du principe de précaution et de la logique de socialisation des risques. Comme le souligne la conclusion, les experts sont confrontés au rapport entre intérêt général et logique de la controverse. A travers la capacité à organiser une expertise plurielle et à faire participer le citoyen au débat public, c'est bien la démocratie qui est en jeu.
|