Résumé :
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[BDSP. Notice produite par INIST-CNRS R0xrF9R4. Diffusion soumise à autorisation]. Objectif : Évaluer, dans un pays asiatique en développement, l'impact sur le nombre de décès par intoxication de la législation sur les pesticides. La réglementation, mise en application à Sri Lanka depuis les années 70, vise à réduire le nombre de décès par intoxication - la plupart volontaires - en limitant la disponibilité et l'utilisation des pesticides hautement toxiques. Méthodes : Les sources des données concernant l'évolution législative, les admissions dans les hôpitaux nationaux et de district et les données personnelles sur les décès par intoxication due aux pesticides sont respectivement le Ministère de l'agriculture, l'unité des statistiques sanitaires de Sri Lanka et les dossiers individuels et l'enregistrement de l'unité de soins intensifs d'Anuradhapura. Résultats : Entre 1986 et 2000, le nombre total d'admissions dans le pays pour intoxication a doublé, et le nombre d'admissions pour intoxication par des pesticides a augmenté de plus de 50%. En revanche, la létalité a chuté pour l'ensemble des intoxications et pour les intoxications par pesticide. En 1991-1992,72% des décès dus aux pesticides à Anuradhapura étaient dus aux organophosphorés et aux carbamates - en particulier au monocrotophos et au méthamidophos, organophosphorés de la classe I de l'OMS. A partir de 1991, l'importation de ces pesticides a diminué progressivement jusqu'à ce qu'ils soient interdits en pratique courante en janvier 1995, avec une chute correspondante des décès. Malheureusement, ils ont été remplacés dans l'agriculture par l'endosulfan, un organochloré de la classe II de l'OMS, qui a conduit à une augmentation des décès par état de mal épileptique - de 1 en 1994 à 50 en 1998. L'endosulfan a été interdit en 1998 et, en trois ans, le nombre de décès imputables à ce pesticide est retombé à 3. Cependant, à la fin de la décennie, le nombre de décès dus aux pesticides était comparable à celui de 1991, les organophosphorés de classe II de l'OMS étant responsables de la plupart des cas. Si ces produits sont moins toxiques que les organophosphorés de classe I, la prise en charge des intoxications par les organophosphorés de classe Il reste difficile, car ils sont encore très toxiques et leur toxicité est aggravée par la rareté des centres antipoisons. Conclusion : Malgré une augmentation de l'incidence des intoxications volontaires, la chute de la létalité laisse penser que les programmes sri lankais de réglementation concernant les pesticides ont été bénéfiques. Cependant, un examen plus attentif des décès dus aux pesticides dans un des hôpitaux a mis en évidence le passage à d'autres pesticides hautement toxiques, quand un pesticide est interdit et remplacé en agriculture par un autre. La réglementation ultérieure devra prévoir ce type de remplacement et ne pas négliger la facilité de traitement des intoxications par les nouveaux pesticides. Cette réglementation doit en outre être mise en oeuvre parallèlement à d'autres stratégies, comme la lutte intégrée contre les ravageurs, de façon à diminuer globalement la disponibilité des pesticides dans un but d'auto-intoxication.
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