Résumé :
|
L'objectif de cette revue bibliographique est d'évaluer la pertinence de la réglementation destinée à limiter les expositions bruyantes d'origine professionnelle pour diminuer les risques de surdité des personnes exposées à des bruits et à des agents ototoxiques chimiques d'origine professionnelle ou extra-professionnelle. Si le bruit reste sans conteste la nuisance la plus nocive pour l'audition des personnes exposées sur ou en dehors de leur lieu de travail, les risques de potentialisation des effets traumatiques du bruit d'origine professionnelle lors d'une co-exposition avec des ototoxiques d'origine chimique sont rarement abordés dans la littérature et ne sont pas pris en considération par la législation. Cette étude repose sur des résultats obtenus avec différents modèles expérimentaux : le rat, le cobaye et le chinchilla, mais également sur des résultats épidémiologiques et des observations cliniques. D'une façon générale, le risque de surdité a été évalué d'abord dans des conditions d'exposition aux seuls agents ototoxiques identifiés tels que les antibiotiques aminoglycosidiques, les diurétiques, l'aspirine, les anti-tumoraux et les solvants aromatiques, puis lors d'une co-exposition avec le bruit, lorsque les données de la littérature le permettaient. L'analyse souligne l'absence de réglementation spécifique pour des personnes exposées à la fois au bruit et à des agents ototoxiques chimiques fragilisant l'oreille interne (vestibule et cochlée). Une cochlée contaminée par un agent ototoxique pourrait se révéler plus vulnérable à une agression sonore qu'une oreille exposée uniquement au bruit. Compte tenu de la durée d'exposition à un agent chimique, même après cessation de l'exposition, les données expérimentales récentes présentées dans cette revue devraient être prises en considération par les responsables de la réglementation en vue de protéger l'audition des personnes exposées à des nuisances multiples.
|