Résumé :
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En janvier 1980 (Travail et Emploi n° 3), Pierre Boisard montrait les limites des recherches conduites sur les effets de la réduction du temps de travail et la prédominance des études macroéconomiques focalisées sur la seule étude de ses conséquences sur l'emploi. Ces études macroéconomiques ont eu pour effet d'interdire une autre approche, plus qualitative, prenant la durée du travail comme objet propre. Pourtant, les premières études microéconomiques concordaient sur les faibles effets de la RTT sur le niveau de l'emploi et l'importance de déterminer au niveau des établissements les modalités concrètes sur l'organisation du travail, notamment. Elles faisaient ressortir l'extrême complexité des mises en uvre de la RTT. En outre, les études ayant abordé l'aspect social ou socioéconomique de la RTT et sa dimension de rapport au temps restaient pratiquement inexistante. En 1998, le choix d'une loi cadre et d'une négociation décentralisée et fortement encadrée plutôt que d'un accord interprofessionnel national a peut-être relevé de la même démarche. En effet, les lois Aubry I et II relatives à la réduction du temps de travail, en donnant une marge étroite à la négociation centrale, ont laissé peu de place aux partenaires sociaux dans la construction de nouvelles règles ; a contrario elles ont accru le rôle des experts économiques. L'auteur veut montrer qu'elles ont été élaborées à partir des conclusions des simulations économétriques et ont minimisé la prise en compte des conditions de travail ou la création d'un consensus minimal, au profit d'aspects économiques. Des études microéconomiques soulignant la nécessité de véritables négociations pour imposer une volonté de partage de l'emploi ne sont pas suffisamment prises en compte. Cela fragilisera ce processus délicat.
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