Résumé :
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En 1983 (Travail et emploi n° 17), Anne-Marie Daune-Richard étudiait le rôle des lignées féminines dans l'articulation travail professionnel et travail domestique. Elle y considérait un objet "travail" unique, qui renvoie à la fois aux sphères du professionnel et du domestique au lieu de les étudier séparément. Elle mettait en évidence le caractère déterminant de l'affectation prioritaire des femmes au travail domestique dès le plus jeune âge ; l'importance du réseau familial, pour apporter une aide domestique (garde des enfants) ; mais surtout l'acquisition et la transmission d'un habitus domestique dans le cadre de la lignée féminine, premier lieu d'acquisition des normes. Pendant longtemps, les femmes sont des "ayants droits" et c'est leur lien familial qui définira leur lien à l'emploi et à la protection sociale. En entrant massivement dans la société salariale des femmes ont atteint la pleine citoyenneté en en acquérant des droits sociaux propres. L'auteure examine cette entrée différée et spécifique dans la société salariale dans trois pays différents : la France, le Royaume Uni et la Suède. Puis elle fait un historique de la relation qu'ils ont établie, depuis le 19eme siècle, pour les hommes et pour les femmes, entre accès au marché du travail et droits sociaux, sur le principe du contrat individuel. Elle y décrit l'évolution dans chacun de ces pays de deux modèles : celui de la mère épouse où l'inscription première des femmes est dans l'espace domestique où elles sont en charge des responsabilités familiales, et celui de l'égalité des hommes et des femmes devant les responsabilités professionnelles et familiales.
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