Résumé :
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La mobilisation exceptionnelle des démocraties développées confrontees au sida a laissé la place à une normalisation. L'objet de cet article est de s'interroger sur les causes et les conséquences de la fin du statut d'exceptionnel qui caractérisait les réponses publiques et les réactions sociales au sida depuis 1985. La normalisation est décrite et analysée comme le produit d'un changement de perception du risque. Alors la mobilisation traduisait une perception sociale du sida comme risque inacceptable, la normalisation reflète son acceptabilité rendue possible par l'existence des réponses, le succès limité des traitements et la réduction de l'incertitude. Il en résulte un découplage paradoxal entre la perception du risque et la réalité épidémiologique à deux conséquence : l'une concernant la gestion individuelle du risque, à travers une recrudescence des comportements à risques, confirmée par un niveau élevé de nouvelles contaminations ; l'autre portant sur la gestion publique du sida à travers la tentation de ses responsables d'interpréter cette acceptabilité comme la marque de la disparition du problème.
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