Résumé :
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Retracer l'histoire du problème de l'amiante, en suivant les évolutions des problématisations qui en ont été produites et les espaces dans lesquels elles ont circulé, permet de réévaluer ou d'apporter un nouvel éclairage à deux questions essentielles. La première tient aux vecteurs multiples et polymorphes par lesquels se maintiennent et se renforcent certains effets de domination sociale, la seconde est la réévaluation du poids des médias d'information dans les processus de publicisation des problèmes. Lorsqu'une certaine publicité leur est donnée, c'est à partir de la dénonciation d'un risque pour la population générale ou pour certaines catégories particulièrement vulnérables, et elle résulte de logiques sociales qui rendent difficile la mise à jour des facteurs susceptibles d'expliquer les choix et arbitrages à l'origine de ces problèmes sanitaires. La formulation publique ne permet donc aucune discussion de ces choix et arbitrages, alors que ce serait la seule possibilité de permettre aux victimes de donner sens à leur souffrance et de se la réapproprier, et à ceux qui cherchent à faire évoluer ce domaine d'intervention publique de discuter des fondements de ces politiques.
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