Résumé :
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Depuis vingt-cinq ans environ, la dépendance, notion vague, aux significations multiples, entre lien social, incapacité, besoin d'aide, assujettissement, etc. s'est imposée en France dans le champ de "la vieillesse qui va mal" comme une notion structurant ce champ. Elle a même suscité en 1997 une loi qui porte son nom : la Prestation Spécifique Dépendance. Or pour nous, cette notion, loin d'apporter quelque éclairage au débat sur la vieillesse, vieillesse que nous considérons comme un fait et une construction sociale, est venue refermer la et les questions que l'on se posait sur la vieillesse au cours des années soixante, en en faisant définitivement un "déclin biologique individuel". En choisissant de travailler sur l'archéologie et la généalogie de cette notion de dépendance, en déconstruisant ce que nous croyions savoir aujourd'hui, nous voulons faire apparaître la construction sociale de cette notion, et notamment montrer comment à partir d'une vision plutôt médicale, individuelle et incapacitaire, elle a conduit lentement mais sûrement à une nouvelle catégorisation "les personnes âgées dépendantes" stigmatisées comme l'un des "mauvais objets" de la société actuelle. Nous assistons à un nouvel enfermement des personnes vieillissantes, à une nouvelle relégation, non pas derrière les murs de l'hospice, mais derrière les énoncés et les représentations associées au vocable dépendance : spécificité inéluctable du grand âge, nécessité du recours à l'hébergement, incapacité à faire et à être, menace et défi pour l'avenir de la société, source de dépenses importantes pour la collectivité, etc.
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