Résumé :
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L'histoire de la violence contredit l'imaginaire social, nourri de préjugés et de nostalgies. Il y a eu, au cours des derniers siècles, une régression considérable de la violence criminelle. Pourquoi cette affirmation de l'historien Jean-Claude Chesnais, à l'instar de ce qu'affirmait déjà avant lui un Norbert Elias, est-elle contre-intuitive ? D'où nous vient l'opinion contraire selon laquelle la violence augmente ? Est-ce dû au fait que le conflit se dissémine, se diversifie, éclate en une multitude d'oppositions, comme l'affirme MichelWieviorka ? Ou bien encore, si l'on est si sensible à la violence, ce n'est pas tant qu'elle est en recrudescence, mais que ses formes contemporaines nous sont insupportables. Du terrorisme aux violences domestiques, des tortures mentales et physiques aux génocides, les chercheurs ont traqué tous les aspects de l'agressivité humaine. Que la violence s'incarne dans la religion, les rapports de sexes, la politique, ou qu'elle soit analysée dans ses aspects théoriques, il s'agit ici de comprendre des phénomènes sociaux et historiques aussi divers que la guerre ou le processus de civilisation. L'homme est un loup pour l'homme, disait Thomas Hobbes, mais uniquement dans son état de nature, oublie-t-on toujours de préciser. Et c'est sans doute là que réside la ligne de fracture entre ceux qui pensent la violence : sommes-nous naturellement violents, ou est-ce la société qui est productrice de violence ? Ce hors-série ne tranchera pas la question. Il ne peut, au travers de toutes les horreurs qu'il raconte, de toute la violence dont il témoigne, que proposer au final une réflexion sur la réconciliation. Une réconciliation difficile à trouver, si l'on en croit Philippe Moreau Defarges, pour qui la véritable réparation est impossible, sinon avec le temps qui passe, seul habilité à gommer les blessures.
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