Résumé :
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Dans cet article, l'auteur se propose de mettre en lumière la dimension sacrificielle de la conduite anorexique. Mettant en scène son corps décharné, son visage émacié, l'anorexique exhibe en même temps sa hantise de la souillure et son goût du sacrifice. La souffrance liée à la privation est le prix à payer pour accéder à la jouissance que, par le plus grand des paradoxes, la faim procure. Chez la philosophe Simone Weil, qui lutta avec une énergie farouche contre les désirs et les besoins du corps et contre les spontanéïtés charnelles, le refus forcené du corps, propre à l'anorexique, se double du refus de la judéité, qui l'encombre et la souille, comme l'encombre et la souille la féminité contre laquelle elle s'insurge. Avide de danger, assoiffée de douleur, elle a livré un farouche combat contre la pesanteur, s'offrant en sacrifice pour accéder à la grâce.
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