Résumé :
|
Le modèle des trappes d'inactivité part du postulat d'une rationalité étroite selon laquelle les allocataires du RMI décident de ne pas travailler parce que les espérances de gains liées à l'emploi sont trop faibles par rapport aux revenus sociaux. Il affirme aussi que la qualification sociale des individus mesurée par l'ancienneté dans le dispositif est l'autre facteur essentiel de non-emploi. L'analyse de 20 000 dossiers de RMISTES montre que la valeur explicative de ce modèle est relativement faible, notamment pour ce qui est du rôle désincitatif des aides sociales dont bénéficient les allocataires du RMI. Elle montre également que l'on ne peut raisonner simplement en termes d'emploi, mais qu'il faut aussi tenir compte du travail, c'est-à-dire de la nature des activites offertes. Il faut donc quitter le modèle de la rationalité étroite pour celui de la rationalité située, celui des "bonnes raisons" telles qu'elles émergent des 128 entretiens réalisés auprès des allocataires. Mais ces "bonnes raisons" apparaissent si multiples, si diverses et parfois si contradictoires, que l'on peut s'interroger sur la portée d'un modèle qui interprète les conduites plus qu'il ne les explique.
|