Résumé :
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Penser la greffe aujourd'hui, c'est l'envisager à travers les enjeux de la société. Face aux certitudes médicales, chaque individu perçoit des incertitudes éthiques. Les défis de la science imposent la transparence, garantie d'une "nouvelle démocratie". La greffe apparaît alors ambivalente, dans son fondement philosophique, juridique et social, comme dans sa pratique chirurgicale. Faut-il parler de don altruiste ou d'échange réciproque à propos des "éléments et produits du corps humain" ? Dans le cas d'un prélèvement sur une personne décédée, la mort devient-elle "utile" parce qu'utilisée ? S'agit-il de mutiler pour réparer, ou de reconstruire l'homme et de repousser ainsi les limites de la vie ? Sur le terrain, le nombre important des refus de prélèvements induit-il vraiment une "pénurie" d'organes ? Faut-il l'attribuer au manque d'information du public, à la méfiance à l'égard des médecins, à l'attachement à des valeurs personnelles, aux droits des familles, à l'incontournable présence de l'Etat ? Le législateur, depuis l'élaboration des lois de bioéthique jusqu'à leur application réglementaire encore inachevée, a tenté de réaliser un cadre protecteur pour la personne humaine. Y est-il parvenu ? Ces débats d'idées ainsi que des résultats inattendus de la première enquête nationale sur le don d'organes constituent le point le plus complet à ce jour sur le sujet du prélèvement et de la greffe. La greffe existe, elle se doit de rester humaine.
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