Résumé :
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Comment habiter la ville quand on est privé de foyer ? S'ils sont sans logis, les SDF n'en sont pas moins des citadins, des usagers de la ville. Mais pas comme tout le monde. Les SDF habitent l'espace comme ils habitent leur corps, unique refuge, frontière fragile entre le dedans et le dehors. Certains s'efforcent de camoufler leur condition ; invisibles, ils évoluent dans la ville avec la peur et la honte chevillées au corps. D'autres, à la vue de tous, une couverture roulée en boule sous le bras, arpentent les rues au petit matin, à la recherche d'une cachette pour y laisser leur bien, en consigne, le temps de l'errance diurne. La géographie de l'extrême pauvreté n'est pas dominée par le chaos et l'irrationnel. Elle a du sens pour ses protagonistes. L'expérience urbaine de ces femmes et de ces hommes est façonnée par des plaisirs, des douleurs, des désirs, des frustrations, des rêves et des cauchemars. Quelle vision du monde a-t-on quand le trottoir fait office de salon et le caniveau d'horizon quotidien ? Les SDF développent eux aussi des représentations et des discours sur leur milieu urbain. Les sans feu ni lieu parviennent même à créer des territoires en imposant leurs pratiques de la ville ; bien qu'exclus, ils sont de véritables acteurs urbains.
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