Résumé :
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[BDSP. Notice produite par CREDES R0xnNdgH. Diffusion soumise à autorisation]. La contamination transfusionnelle par le virus du Sida au cours des années 1980-1985 a provoqué deux drames distincts au sein de deux populations de patients : les transfusés, receveurs de produits labiles d'origine exclusivement française, et les hémophiles, receveurs de produits stables antihémolytiques qui étaient d'origine française à 80% et étrangère à 20%. Des contaminations ont été observées au cours de la même période dans tous les pays développés, mais l'atteinte des transfuses est nettement supérieure en France tandis que celle des hémophiles est légèrement inférieure à la moyenne des grands pays européens voisins, et nettement inférieure à celle des Etats-Unis. L'analyse a posteriori des circonstances de ces contaminations montre que l'échec médical que celles-ci représentent n'est pas du même ordre dans les deux drames. Pour les transfusés, il est spécifiquement français et particulièrement lourd, alors que pour les hémophiles, il est partagé par tous les grands pays du monde occidental et relativement moindre en France. Cet article présente une analyse constructive des causes principales de ces drames (flou des connaissances et délai de leurs partage et appropriation, carences culturelles, carences structurelles), et tente de cerner les deux facteurs de loin les plus déterminants dans la contre-performance de ce système, à savoir la médiocrité médicale de la collecte de sang et l'hyperconsommation transfusionnelle des années quatre-vingt.
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