Résumé :
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0n nous annonçait hier la fin du travail. Aujourd'hui, la croissance revenue, on nous dit que le plein-emploi est pour demain. Mais est-il sûr que ce soit toujours du même travail qu'il s'agisse ? Qu'entre celui qu'on voyait s'effriter, le travail statutaire assorti de multiples garanties, et le travail sans qualités, précaire et jetable qui se développe, entre l'emploi au sein des grandes organisations et l'emploi en réseau, il y ait une véritable continuité ? Voilà une première série de questions sur lesquelles il importe de faire le point. Mais le véritable problème posé, au-delà de celui qui opposait en sourdine les partisans supposés de la " fin du travail " et leurs pourfendeurs - et qui reste essentiel -, est celui qui porte sur la valeur et la désirabilité du travail et/ou du salariat. Le travail implique la pénibilité, le salariat la subordination. Pourtant, c'est par cette subordination même, par l'accès à la condition salariée, que le plus grand nombre entend se libérer (y a-t-il, en tout état de cause, d'autre choix ?). Ce qui n'empêche pas de désirer aussi s'en libérer afin de garder le plus de temps possible pour soi. Libératrice ? Aliénante ? Manifestement, la relation de travail est lourde d'énigmes multiples dont l'examen impose un détour anthropologique seul à même d'éclairer la question qui sous-tend tous les débats d'actualité : travailler est-il (bien) naturel ? Et le travail qui se développe après la " fin du travail " est-il toujours le travail, tel qu'on le connaissait jusqu'alors ?
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