Résumé :
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En 2003, environ 800 000 enfants résidant dans les pays de l'Union Européenne avaient un parent incarcéré. Or pour grandir le plus normalement possible, ces enfants ont besoin de conserver une relation avec leur parent en prison. Comme 95,5 % de la population carcérale est constituée d'hommes, ces enfants sont principalement privés de leur père. Chez l'enfant, rappelle le psychanalyste Main Bouregba au cours d'un colloque sur la parentalité et la détention, l'absence du père peut entraîner des troubles identitaires dus à l'incapacité de s'inscrire dans une filiation et par conséquent de se représenter l'avenir ; des troubles névrotiques liés au conflit d'ambivalence : l'enfant se sentant à la fois haineux et solidaire de son père et des troubles psychosociaux, tant il est difficile d'assumer comme de taire l'incarcération d'un de ses parents. De l'autre côté des barreaux, la conservation des liens est également capitale. Une étude parue en 1954 aux Etats-Unis montre que les détenus qui entretiennent des relations avec leur famille présentent un taux de réussite en libération conditionnelle de 75 % contre 34 % pour les plus isolés. Depuis plus de vingt ans, les associations Relais enfants-parents, à l'instar de l'atelier de confection de jouets de la maison d'arrêt de Bordeaux Gradignan où Patricia Delage est allée en reportage, mettent en place des actions pour maintenir les liens entre l'enfant et son parent emprisonné. "La privation de liberté, je m'en accommode, la privation de ma famille, c'est plus dur !", rappelle un prisonnier
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