Résumé :
|
Depuis le début des années 1990, les médias ont repris sans les discuter, les conclusions des rapports relatifs aux réformes des retraites. Ceux-ci sont pourtant très contestables, en particulier dans leurs prévisions. Les médias présentent le problème de financement du système de retraite comme uniquement démographique et semblent considérer la non-augmentation des cotisations et l'instauration de dispositifs de capitalisation comme des principes intouchables. Dans ces conditions, il est difficile d'envisager qu'il puisse y avoir d'autres réformes possibles que celles qui sont entreprises? Cet engagement des médias rappelle l'implication des "think tanks" conservateurs américains dans le débat sur les retraites aux Etats-Unis. Les sondages jouent un rôle essentiel dans l'imposition de la problématique dominante en matière de retraites. Ils se multiplient en France à partir de 1999, année de préparation de la réforme sur cette question. Après le rapport Charpin au Premier ministre Lionel Jospin, les médias traitent beaucoup du problème des retraites, commandant et commentant des sondages qui sont autant d'indicateurs des problématiques politiques dominantes : les questions posées n'attribuent pas la baisse du montant des futures retraites aux mesures prises par Edouard Balladur pour le régime général et à l'accord du 25 avril 1996 pour les régimes complémentaires. Elles l'imputent aux évolutions démographiques qui devraient faire baisser le ratio actifs/inactifs dans les années à venir, et accessoirement au chômage. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que les sondages confortent la conclusion q'une nouvelle réforme paraît "nécessaire aux Français". Lorsque, à la fin du premier semestre 2003, le gouvernement Raffarin annonce cette réforme, une nouvelle vague de sondage est déclenchée. Les sondages jouent un rôle politique : loin de cerner "l'opinion" des individus, ils contribuent à l'orienter. Explication.
|