Résumé :
|
Dans le cadre de la "nouvelle" pensée étatique qui s'élabore au tournant des années 1970-1980, "l'insertion" apparaît comme le label qui désigne les réponses étatiques successives au chômage des jeunes et à "la nouvelle pauvreté" ("l'exclusion"). Cette ébauche d'une histoire sociale de l'insertion tente de mettre en évidence les implications multiples de ces nouveaux modes d'encadrement du non-emploi, dont "la logique du projet" constitue aujourd'hui la clé de voûte, de montrer comment ils ont progressivement substitué la figure de "l'inemployable" à celle du chômeur. Elle passe par l'analyse du travail collectif qui a été nécessaire pour faire de l'insertion un "problème officiel", une catégorie de la pensée étatique qui s'impose au monde politique, syndical, patronal, médiatique et scientifique. Dans cette perspective, il s'agit de montrer ce que les dispositifs d'insertion successifs doivent, en particulier, aux conflits internes au champ politique et aux différentes catégories de "professionnels de l'insertion", c'est-à-dire aussi de mettre en évidence les enjeux inséparablement politiques, professionnels et éthiques, liés à l'insertion. Il apparaît aussi que ces politiques "à visées réparatrices" et leurs transformations successives ont concouru à aggraver le mal qu'elles prétendaient combattre en contribuant à la déstabilisation du modèle salarial.
|