1. Vue d’ensemble

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté à l’unanimité par les États membres à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015, s’articule autour d’un ensemble ambitieux de 17 objectifs et 169 cibles que tous les pays se sont engagés à atteindre d’ici à 2030. Il s’agit d’un appel à agir pour forger un avenir meilleur et plus durable pour tous. Si les Nations Unies préparent chaque année un rapport sur les progrès réalisés vers la réalisation des ODD tant au plan international que régional (UN, 2021[1]), les gouvernements nationaux sont tenus de suivre et de rendre compte des progrès accomplis au niveau national et infranational.

Pour soutenir la communauté internationale et les pays membres et partenaires de l’OCDE dans la mise en œuvre du Programme 2030, le Conseil de l’OCDE a adopté un Plan d’action sur les Objectifs de développement durable en décembre 2016 (OECD, 2016[2]). Le présent rapport est une composante essentielle de ce plan. Si une part importante des travaux menés par l’OCDE dans le domaine des données visent à contribuer au cadre mondial d’indicateurs instauré pour assurer le suivi du Programme 2030, le rapport Un chemin court et sinueux jusqu’à 2030 – Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD propose un panorama complet des résultats enregistrés par les pays membres au regard des objectifs et des cibles du Programme 2030.

Le Programme 2030 s’articule autour d’un ensemble de 17 Objectifs de développement durable (Graphique 1.1). Pour faciliter la communication, ces objectifs sont parfois regroupés en cinq grands thèmes (les « 5P ») : les Peuples (correspondant aux Objectifs 1 à 5), la Planète (Objectifs 6, 12, 13, 14 et 15), la Prospérité (Objectifs 7 à 11), la Paix (Objectif 16) et les Partenariats (Objectif 17)1. La plupart de ces objectifs et des cibles qui leur sont associées s’appuient sur des accords internationaux antérieurs, notamment ceux qui ont trait au développement, à l’environnement et aux droits humains.

Les 17 ODD sont étayés par 169 cibles, qui précisent parfois les réalisations à effectuer ou les mesures à prendre d’ici à 2030. Pour mesurer les avancées accomplies au regard de ces cibles, la Commission de statistique de l’ONU (StatCom) a créé en 2015 le Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable, qui se compose d’experts des offices statistiques nationaux (OSN) et d’observateurs d’organisations internationales (y compris l’OCDE), en vue d’élaborer et de mettre en œuvre un cadre mondial d’indicateurs à l’appui des objectifs et des cibles du Programme 2030. Les stades de l’élaboration de ces indicateurs varient : certains sont déjà bien établis, étayés par des méthodologies solides et des collectes de données régulières, tandis que d’autres n’en sont qu’au tout début du processus de développement conceptuel et de collecte de données. Ces indicateurs mondiaux sont classés par le Groupe d’experts de l’ONU en trois niveaux, en fonction de l’état d’avancement de leur méthodologie et de la disponibilité des données :

  • les indicateurs de niveau I sont clairement définis, étayés par une méthodologie et des normes établies, et produits régulièrement par au moins 50 % des pays représentant 50 % au moins de la population de chaque région mondiale ;

  • les indicateurs de niveau II sont clairement définis, étayés par une méthodologie et des normes établies, mais ne sont pas produits régulièrement par les pays ; et

  • les indicateurs de niveau III ne sont pas encore étayés par une méthodologie et des normes établies.

Le Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable revoit régulièrement la répartition par niveau des indicateurs qui figurent dans le cadre mondial, étant donné que leur méthodologie et la disponibilité des données ne cessent d’évoluer. À la date de rédaction de ce rapport, parmi les 231 indicateurs uniques2 inclus dans le cadre mondial d’indicateurs, 130 indicateurs étaient classés comme appartenant au niveau I, 97 au niveau II et aucun au niveau III. Les quatre indicateurs restants appartenant à différents niveaux (différentes composantes d’un même indicateur étant classées à des niveaux différents)3. Le niveau auquel appartiennent les indicateurs varie en fonction des objectifs. Ainsi, plus de 80 % des indicateurs relatifs aux objectifs qui portent sur la bonne santé et le bien-être (Objectif 3), l’énergie propre et d'un coût abordable (Objectif 7) et l’industrie, l’innovation et l’infrastructure (Objectif 9) sont classés niveau I, alors que moins d’un tiers des indicateurs relatifs à l’égalité entre les sexes (Objectif 5), l’action climatique (Objectif 13), les villes et communautés durables (Objectif 11) et la paix, la justice et des institutions efficaces (Objectif 16) sont de niveau I.

Chaque année, le Secrétaire général des Nations Unies prépare un bilan des progrès accomplis dans la réalisation des ODD au niveau régional et mondial. Il s’appuie sur le cadre mondial d’indicateurs (UN, 2021[3]). Les gouvernements nationaux ont pour responsabilité de suivre et de rendre compte des avancées accomplies dans chaque pays. Si les ODD ont une portée mondiale, le Programme 2030 stipule que leur mise en œuvre à l’échelon national doit s’adapter à la situation locale :

« Les objectifs et les cibles de développement durable sont intégrés et indissociables ; ils sont par essence globaux et applicables universellement, compte tenu des réalités, des capacités et des niveaux de développement des différents pays et dans le respect des priorités et politiques nationales ». (UN, 2015[4])

Pour soutenir la communauté internationale et les pays membres et partenaires de l’OCDE dans la mise en œuvre du Programme 2030, le Conseil de l’OCDE a adopté un Plan d’action sur les ODD en décembre 2016 (OECD, 2016[2]). Le Plan d’action s’articule autour des objectifs suivants : i) aider les pays à déterminer la situation où ils se trouvent au regard des ODD, et celle où ils devront se trouver, et leur proposer pour y parvenir des trajectoires viables fondées sur des données d’observation ; ii) réaffirmer le rôle de l’OCDE en tant que source éminente de compétences, de données, de bonnes pratiques et de normes dans les domaines économique, social et environnemental de l’action publique en rapport avec les ODD ; et iii) encourager une « course vers l’excellence » en quête de politiques meilleures et plus cohérentes qui puissent contribuer à la réalisation des ODD, en recourant à des approches qui font la spécificité de l’Organisation (comme les examens par les pairs et l’apprentissage mutuel, le suivi et l’établissement des rapports statistiques, le dialogue sur les politiques ou encore les instruments juridiques non contraignants). Gardant ces objectifs en ligne de mire, l’OCDE a dégagé quatre grands domaines d’action :

  • Appréhender les stratégies et les outils de l’OCDE à travers un prisme ODD ;

  • Mettre à profit les données de l’OCDE pour contribuer à l’analyse des progrès de la mise en œuvre des ODD ;

  • Renforcer le soutien apporté par l’OCDE à l’appui d’actions intégrées de planification et de formulation des politiques publiques au niveau des pays, et offrir aux gouvernements un espace d’échange d’expériences en matière de gouvernance pour les ODD ;

  • Réfléchir aux implications des ODD pour les relations extérieures de l’OCDE.

L’OCDE rend compte chaque année à ses membres de l’état d’avancement de la mise à exécution de son Plan d’action, en épaulant leurs efforts de mise en œuvre au moyen de ses analyses et recommandations. La plus grande partie des travaux menés par l’OCDE ont un lien avec les ODD, notamment s’agissant de l’importance de la coopération internationale et de la gouvernance mondiale ainsi que des valeurs universelles du Programme 2030, notamment le principe fondamental qui consiste à ne laisser personne de côté et les travaux relatifs aux 5P (peuples, planète, prospérité, paix et partenariats) intégrés au programme de travail de l’OCDE. Depuis 2015, l’OCDE a pris des mesures afin d’intégrer un prisme ODD à plusieurs de ses examens (comme les Examens des performances environnementales, les Examens des politiques de l’investissement, les Examens de la gouvernance publique, les études sur l’administration numérique ou les Examens par les pairs du Comité d'aide au développement) ainsi qu’à ses documents de travail analytiques et d’autres publications.

S’agissant du suivi des ODD, l’OCDE a contribué au développement du Cadre mondial d’indicateurs à l’appui des ODD en sa qualité d’observateur du Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable. L’OCDE est aussi dépositaire ou organisme partenaire concernant plusieurs indicateurs figurant dans le cadre mondial d’indicateurs. L’OCDE alimente directement la base de données SDG Global Database (Base de données mondiale sur les ODD) dans les domaines de l’aide publique au développement (APD) et des autres flux internationaux, de la discrimination fondée sur le sexe (en s’appuyant sur les travaux du Centre de développement consacrés à l’indice « Institutions sociales et Égalité femmes-hommes » (OECD, 2019[5])), de l’accès à la justice civile (OECD, 2021[6]) et des instruments d’action en faveur de la biodiversité (Karousakis, 2018[7]).

Le rapport Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD de l’OCDE, publié pour la première fois en 2016 et dont paraît aujourd’hui la 4e édition, s’appuie sur les données des Nations Unies et de l’OCDE pour proposer une évaluation globale des résultats obtenus par les pays membres de l’OCDE au regard des objectifs et des cibles du Programme 2030 à l’échelon national4. Ces rapports contribuent au Plan d’action de l’OCDE sur les ODD, et en particulier au Domaine d’action 2 (« Mettre à profit les données de l’OCDE pour faciliter l’analyse des progrès de la mise en œuvre des ODD »). Ils n’ont pas pour objet de remplacer les examens thématiques réalisés par différentes directions de l’OCDE, mais plutôt d’aider les pays membres à donner corps aux engagements politiques pris lors de la ratification du Programme 2030, par différents moyens :

  • Recenser les indicateurs comparatifs disponibles que pourraient utiliser les pays pour définir leurs priorités stratégiques dans le cadre du programme d’action à l’appui des ODD et suivre les avancées réalisées.

  • Évaluer la dernière position occupée par les pays membres de l’OCDE au regard de chacune des cibles et la mettre en contexte via une analyse comparative par rapport à la moyenne de l’OCDE.

  • Mettre en lumière les principales lacunes dans les données qui impliquent des efforts plus importants en termes d’élaboration de statistiques, soit pour suivre les progrès accomplis soit pour mieux comprendre les facteurs politiques qui influent sur les cibles des ODD5.

La présente édition du rapport Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD fait fond sur les travaux déjà menés. Elle approfondit l’analyse en étudiant les réalisations en cours et les tendances récentes – c’est-à-dire en évaluant si les pays se rapprochent ou au contraire s’éloignent des cibles et la probabilité qu’ils remplissent leurs engagements d’ici à 2030 au vu des évolutions récentes – ainsi qu’en cherchant à déterminer l’influence de la pandémie de COVID-19. À cette fin, le rapport s’appuie sur des informations provenant des bases de données des Nations Unies et de l’OCDE alignées sur le cadre mondial d’indicateurs, et complète la Base de données mondiale sur les ODD par des sources de l’OCDE afin d’analyser plus en profondeur certains sujets.

Les pays membres ont utilisé les précédentes éditions du rapport pour orienter leurs procédures de suivi, tester la robustesse de leurs indicateurs et élaborer des seuils de référence nationaux6. Dans le cadre de leur mise en œuvre des ODD, plusieurs pays de l’OCDE ont eu recours aux données contenues dans ces rapports pour :

  • communiquer sur les ODD ou ajouter une analyse comparative aux exercices de suivi nationaux (Statistics Denmark, 2017[8]; Government of the Republic of Slovenia, 2018[9]; Statistics Netherlands, 2018[10]) ;

  • élaborer des système de suivi et de notification à l’échelon national (Office of the Government of the Czech Republic, 2017[11]; Bureau fédéral du Plan, 2019[12]) ;

  • examiner les domaines où une action des pouvoirs publics s’impose (Slovak Academy of Sciences, 2017[13]).

Si certaines des cibles des ODD sont, en moyenne, sur le point d’être atteintes, les résultats sont particulièrement variables au regard des 17 objectifs du Programme 2030 pour le développement durable. Le Graphique 1.2 propose une vue d’ensemble des progrès accomplis par les pays de l’OCDE vers les cibles des ODD. À partir des données disponibles pour chacun des 17 objectifs, il montre que la distance à parcourir pour atteindre les objectifs et les tendances au fil du temps varient considérablement, même lorsque l’on se concentre sur un objectif particulier :

  • En moyenne, les pays de l'OCDE ont déjà atteint, ou s’apprêtent à atteindre, au moins 25 % des cibles pour 12 des 17 ODD (en bleu clair dans la partie A, Graphique 1.2). En revanche, aucune cible ne peut être considérée comme proche d’être atteinte concernant les objectifs relatifs à l’égalité entre les sexes (Objectif 5), l’action climatique (Objectif 13) et la réduction des inégalités (Objectif 10) – en bleu moyen ou foncé dans la partie A, Graphique 1.2.

  • En moyenne, les pays de l'OCDE progressent vers les objectifs liés à l’égalité entre les sexes (Objectif 5), trois des objectifs relatifs à la planète (Objectif 6 sur l’eau et l’assainissement, Objectif 13 sur l’action climatique et Objectif 14 sur la vie aquatique) et les objectifs liés à l’énergie propre et d’un coût abordable (Objectif 7) – en vert et en jaune (partie B du Graphique 1.2).

  • Dans la plupart des cas, les progrès accomplis sont insuffisants pour pouvoir atteindre les cibles d’ici à 2030 (en jaune). À l’inverse, si les pays sont en bonne voie pour atteindre certaines cibles d’ici à 2030 concernant tous les objectifs liés aux peuples, les avancées sont souvent lentes et des reculs ont même été enregistrés (en rouge).

Au vu de ces résultats, la « Décennie d'action pour atteindre les Objectifs de développement durable » (UN, 2020[16]) semble empreinte d'une très forte incertitude. Alors qu’il reste moins de 10 ans pour atteindre les ODD, une action plus déterminée des pouvoirs publics sera nécessaire pour assurer la réussite du Programme 2030. Par ailleurs, on constate d’importantes variations dans les résultats des pays de l’OCDE au regard des différents objectifs et cibles. Les quatre chapitres thématiques inclus dans le présent rapport dressent un tableau plus complet de la situation des pays de l’OCDE au regard des différentes cibles, tandis que les profils par pays présentent en détail les résultats obtenus et les données disponibles. Ce chapitre propose un tour d’horizon des principaux points forts et points faibles des pays de l'OCDE.

Mesurer l’avancement vers les ODD suppose une compréhension approfondie des points forts et des faiblesses des pays au regard des 169 cibles (Graphique 1.3). L’évaluation montre la performance actuelle (cercle intérieur ; plus la barre est longue, plus la distance qui reste à parcourir est courte) et indique en outre si les pays de l’OCDE sont en bonne voie (ou progressent tout du moins) pour accomplir leurs engagements d’ici 2030 (cercle extérieur).

Dans l’ensemble, si quelques cibles ont déjà été atteintes (principalement celles qui sont liées aux besoins fondamentaux et à la mise en œuvre des outils et des cadres d’action – voir le Tableau 1.1), les pays de l'OCDE ont encore un long chemin à parcourir dans de nombreux domaines (Graphique 1.3). Ils ont notamment la possibilité de renforcer leurs efforts pour faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte, pour rétablir la confiance à l’égard des institutions et pour réduire les pressions sur l’environnement (voir le Tableau 1.2).

La zone OCDE dans son ensemble garantit un niveau de vie décent à sa population. Le Tableau 1.1 dresse la liste des cibles dont l’OCDE est le plus proche (distance moyenne). Il montre que l’OCDE a en moyenne déjà atteint 10 cibles (la distance moyenne est nulle) et que 18 autres cibles sont sur le point de l’être (la distance moyenne est inférieure à 0.5 unité de mesure normalisée, voir l’Annexe 1.A). Par exemple, la distance moyenne de l’OCDE est nulle ou très courte (et probablement nulle d’ici à 2030) lorsqu’il s’agit d’éliminer complètement l’extrême pauvreté (cible 1.1) et la faim (cible 2.1), mais aussi de donner accès aux services de base notamment à l’assainissement (cibles 1.4 et 6.2), à l’eau potable (cible 6.1) et à l’énergie (cible 7.1). Les pays de l’OCDE sont également parvenus à réduire la mortalité maternelle et infantile (cibles 3.1 et 3.2), à donner accès à des services d’éducation de la petite enfance (cible 4.2), à aménager des établissements scolaires modernes (cible 4.a), à garantir une identité juridique à tous les citoyens (cible 16.9) et à renforcer les capacités statistiques clés (cibles 17.18 et 17.19).

La plupart des pays de l’OCDE ont déjà adopté ou mis en œuvre quelques instruments d’action mentionnés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Certaines des séries de données incluses dans le rapport sont qualifiées d’« indicateurs binaires » (« oui » ou « non ») qui indiquent si divers instruments et cadres d'action ont été adoptées et/ou mis en œuvre. Pour la plupart d’entre eux, les pays de l’OCDE ont en majorité déjà atteint les cibles correspondantes (c’est-à-dire qu’ils ont déjà adopté ou mis en œuvre les divers indicateurs). Par conséquent, la distance moyenne à parcourir est très courte (voire nulle) pour atteindre les cibles qui utilisent de tels indicateurs binaires. Par exemple, tous les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles ont déjà atteint la cible 12.7 (promouvoir des pratiques durables dans le cadre de la passation des marchés publics) et la cible 16.10 (garantir l’accès public à l’information). La majorité d’entre eux a aussi atteint la cible 11.a (élaborer des politiques urbaines nationales ou des plans de développement régional à l’appui de l’aménagement urbain) et la cible 15.8 (prendre des mesures pour empêcher l’introduction d’espèces exotiques envahissantes).

Dans quelques cas toutefois, il se peut aussi qu’une distance limitée par rapport à la cible s’explique par le manque de données de bonne qualité. Certaines cibles des ODD couvrent de multiples dimensions, sont formulées en termes généraux ou peuvent donner lieu à différentes interprétations ; il est donc nécessaire de recourir à plusieurs indicateurs pour suivre l’avancement des travaux vers leur accomplissement. Dans ces cas-là, n’utiliser qu’un seul indicateur pourrait aboutir à des conclusions erronées. Par exemple, la cible 4.2 fait référence à la qualité de l’éducation des jeunes enfants, mais les données disponibles ne mesurent l’éducation que sous l’angle de la quantité (à savoir, le taux de participation à l’apprentissage organisé). Plus rarement, lorsque des données du cadre mondial d’indicateurs sont disponibles, il se peut qu’elles ne soient pas pleinement appropriées dans le contexte de l’OCDE. Par exemple, le cadre mondial d’indicateurs a proposé de suivre la cible 14.6 sur les subventions dommageables dans le secteur de la pêche à l’aide d’un indicateur mesurant « l’état d’avancement de la mise en œuvre des instruments internationaux visant à combattre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée ». Cet indicateur donne sans doute un aperçu de la situation, mais pour mener une évaluation approfondie, il faudrait examiner des aspects qu’il ne couvre pas (voir le chapitre « Planète »). De même, le cadre mondial d'indicateurs propose de procéder au suivi de la cible 9.c sur l’accès aux TIC à l’aide de données sur le nombre de connexions au réseau mobile. Mais, comme indiqué en détail dans le chapitre « Prospérité », l’utilisation de cet indicateur risque de masquer d’importantes disparités en termes de connectivité. Dans ces cas-là (et à chaque fois que possible), le présent rapport inclut des séries de données supplémentaires tirées de la base de données de l’OCDE pour tenir compte des conditions particulières qui prévalent dans les pays de l’OCDE (des informations détaillées sont disponibles dans les chapitres thématiques).

Les pays de l’OCDE ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre 21 cibles d’ici à 2030 (Tableau 1.2), et il semble qu’aucune des cibles dont l’échéance était fixée à 2020 ne soit atteinte par l’ensemble des pays (voir l’Encadré 1.2). L’absence de progression est manifeste en ce qui concerne les inégalités et l’exclusion, aucune évolution notable n’étant observée par rapport aux données précédentes (OECD, 2019[17]). En moyenne, on considère qu’environ un habitant de l’OCDE sur huit se trouve dans une situation de pauvreté monétaire, sur la base d’un seuil relatif fixé à la moitié du revenu médian de chaque pays (cibles 1.2 et 10.2). D’après cet indicateur, ces dernières décennies, la plupart des pays de l’OCDE n’ont pas progressé en matière de réduction de la pauvreté (voir les informations détaillées sur l’objectif 1 dans le chapitre « Peuples » et sur l’objectif 10 dans le chapitre « Prospérité »).

En outre, de nombreux groupes de population, notamment les femmes et les jeunes adultes, sont confrontés à des difficultés supplémentaires, la distance à parcourir pour atteindre ces cibles est donc longue. Malgré des progrès, les droits et les opportunités des femmes restent limités dans les sphères privée et publique. Par exemple, aucun pays de l’OCDE n’est parvenu à la représentation paritaire des femmes et des hommes aux niveaux élevés de décision dans la vie politique, économique et publique ni n’a réussi à combler l’écart de rémunération entre les sexes ou à atténuer les disparités en termes de temps consacré au travail rémunéré et non rémunéré (cibles 5.4 et 5.5) – voir les informations détaillées sur l’objectif 5 dans le chapitre « Peuples ».

Les inégalités dans l’éducation commencent dès le plus jeune âge et s’aggravent généralement au fil du temps, compte tenu d’un certain nombre de facteurs, notamment l’origine socioéconomique, le sexe et le lieu de résidence (cible 4.5).7 Il y a dans l’ensemble trop d’enfants, de jeunes et d’adultes qui ne possèdent pas le bagage nécessaire pour devenir des citoyens actifs, responsables et engagés (cible 4.6) – voir les informations détaillées sur l’objectif 4 dans le chapitre « Peuples ».

Une mauvaise hygiène de vie et des comportements à risque (notamment la malnutrition et la consommation de tabac) menacent d’exacerber les inégalités. Le tabagisme (cible 3.a), la consommation nocive d’alcool (cible 3.4) et l’obésité (cible 2.2) constituent les causes premières de nombreuses maladies chroniques et augmentent le risque de décès dû au COVID-19 (OECD, 2021[18]). De tels comportements sont en général plus fréquents chez les catégories socioéconomiques modestes (Murtin et al., 2017[19]; Placzek, 2021[20]). Si le tabagisme recule dans bon nombre de pays de l’OCDE, en moyenne 17 % des adultes continuent de fumer quotidiennement. Une mauvaise alimentation et un mode de vie sédentaire ont entraîné une hausse de l’obésité dans tous les pays de l’OCDE, 60 % des adultes en moyenne étant en surpoids ou obèses. Les dépenses consacrées à la prévention des maladies restent toutefois relativement faibles, puisqu’elles ne représentent que 2.7 % de l’ensemble des dépenses de santé en moyenne dans la zone OCDE (OECD, 2021[18]). Aussi, malgré la couverture maladie universelle dans la plupart des pays de l’OCDE, l’accès aux soins reste parfois difficile, de nombreux ménages n’ayant pas les moyens de se soigner (cible 3.8) – voir les informations détaillées sur les objectifs 2 et 3 dans le chapitre « Peuples ».

La situation macroéconomique qui prévalait durant les années qui ont immédiatement précédé la pandémie était déjà difficile. Comme indiqué dans la section ci-dessous (Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les progrès des pays de l’OCDE au regard des cibles du Programme d’action 2030), l’économie, ainsi que les échanges, l’emploi et les revenus, sont en train de se remettre du choc provoqué par la pandémie, mais la reprise est inégale. Les indicateurs macroéconomiques faisant partie des plus actualisés, certaines des distances par rapport aux cibles indiquées dans le Tableau 1.2 tiennent déjà compte des effets de la pandémie. Toutefois, même avant la pandémie, de nombreuses économies de l’OCDE étaient confrontées à une faible croissance du PIB (cible 8.1), à une productivité atone (8.2) ainsi qu’à des frictions commerciales croissantes et de faibles niveaux d’investissement (OECD, 2021[21]). Les problèmes structurels que rencontrent de nombreux marchés du travail incluent des taux de chômage de longue durée élevés, le travail non déclaré, la mauvaise qualité et l’insécurité de l’emploi, et l’assombrissement des perspectives d’emploi des jeunes (cible 8.6) – voir les informations détaillées sur l’objectif 8 dans le chapitre « Prospérité ».

Si la pandémie a souligné l’importance de la confiance et de la transparence pour la démocratie, les pays de l’OCDE restent loin des cibles qui s’y rapportent. La confiance et la transparence sont essentielles à toute société pour pouvoir absorber les chocs et s’en remettre rapidement (OECD, 2021[22]). Pourtant, les données disponibles montrent un net recul de la confiance dans les institutions dans les pays développés depuis les années 1970 (UNDESA, 2021[23]). La confiance à l’égard des pouvoirs publics couvre de multiples aspects et elle est l’expression de diverses interactions économiques, sociales et politiques entre les citoyens et les pouvoirs publics. Les données disponibles concernant l’objectif 16 dans le Tableau 1.2 indiquent toutefois que les pays de l’OCDE sont encore loin des cibles relatives aux domaines critiques pour la confiance, notamment l’accessibilité, la responsabilité, la transparence et la diversité des institutions publiques (cibles 16.3, 16.6 et 16.7) – voir les informations détaillées sur l’objectif 16 dans le chapitre « Paix et Partenariats ».

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 appelle les gouvernements, les organisations internationales et non gouvernementales, le secteur privé et la société civile à se joindre aux efforts déployés pour mettre en œuvre les ODD au-delà des frontières nationales. Les données disponibles montrent toutefois que les apports totaux d’aide publique au développement (APD) fournis par les membres du Comité d'aide au développement (CAD) s’élèvent à moins de la moitié du chiffre visé (0.7 % du revenu national brut) qui a été fixé par la communauté de donneurs (cible 17.2), et que les pays de l’OCDE sont très peu nombreux à utiliser les résultats, les cadres et les outils de planification des pays bénéficiaires au moment de décider des allocations de l’APD (cible 17.15). En outre, si les envois de fonds aux pays en développement comptent parmi les flux de financement les plus importants au titre de la coopération pour le développement et peuvent contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le coût élevé des envois de fonds depuis les pays de destination vers les pays d’origine empêche d’exploiter pleinement les possibilités qu’ils offrent (cible 10.c) – voir les informations détaillées sur l’objectif 17 dans les chapitres « Paix » et « Partenariats ».

Dans le même temps, les pressions environnementales augmentent. À quelques exceptions près (principalement liées à l’objectif 14 sur les océans et la biodiversité marine), les distances actuelles par rapport aux cibles des objectifs pour la planète semblent moins longues, en moyenne, que dans d’autres domaines (Graphique 1.3). Ce constat tient toutefois principalement au fait que les dommages sociaux et économiques causés par les urgences environnementales commencent seulement à se concrétiser. Dans certains cas, cela s’explique aussi par le moindre niveau d’ambition des cibles8 (voir l’Encadré 1.1) et à la plus grande incertitude liée aux données manquantes (voir le Graphique 1.5). Examiner l’évolution de la situation au fil du temps (plutôt que les résultats actuels) donne ainsi une évaluation plus réaliste des progrès des pays de l’OCDE par rapport aux objectifs et aux cibles. Les données disponibles ne permettent pas de réaliser une telle évaluation dynamique pour la grande majorité des indicateurs. Pour ceux qui peuvent être évalués, l’analyse montre qu’aucune des cibles relatives à la planète n’est en voie d’accomplissement d’ici à 2030, les seules exceptions étant l’accès à l’eau potable (cible 6.1), la qualité de l’eau (cible 6.3) et la gestion des ressources forestières (cible 15.2).

Dans l’ensemble, comme cela est exposé plus en détail dans les travaux thématiques de l’OCDE, « le tableau qui se dégage des indicateurs environnementaux de l’OCDE est, au mieux, mitigé » (OECD, 2020[24]). La délocalisation à l’étranger de la production à forte intensité de ressources ou très polluante (et, dans une moindre mesure, le progrès technologique et l’action des pouvoirs publics) a permis d’avancer dans quelques domaines, comme l’intensité énergétique, l’utilisation de l’eau et la gestion des déchets municipaux. Le recours aux ressources physiques pour soutenir la croissance économique reste toutefois important, et de nombreux matériaux utiles continuent d’être éliminés sous la forme de déchets (voir les informations détaillées sur les objectifs 6 et 12 dans le chapitre « Planète » et sur l’objectif 7 dans le chapitre « Prospérité »). Sur le front du climat, malgré certains progrès accomplis eu égard au découplage des émissions de gaz à effet de serre et de la croissance de la population et du PIB, les émissions diminuent à peine, et tous les pays de l’OCDE continuent de soutenir la production et la consommation de combustibles fossiles (voir les informations détaillées sur l’objectif 13 dans le chapitre « Planète »). Quant à la biodiversité, malgré certaines avancées encourageantes en faveur de la protection des écosystèmes, les menaces à la biodiversité terrestre et marine se sont intensifiées ; par conséquent, sans une action plus déterminée, les pays de l’OCDE devraient manquer leurs cibles dans ce domaine (voir les informations détaillées sur les objectifs 14 et 15 dans le chapitre « Planète »).

Les progrès des pays de l’OCDE en direction des cibles définies dans le Programme d’action 2030 ont été sérieusement entravés par le déclenchement de la pandémie de COVID-19, à partir de la fin 2019. En novembre 2021, plus de 2.3 millions de décès dus au COVID-19 avaient été comptabilisés dans les pays de l’OCDE (OECD, 2021[28]). Au-delà de son lourd bilan humain, la pandémie a entraîné une crise sans précédent, qui se distingue des crises économiques et des pandémies antérieures (Cohen, 2021[29]). Cette crise en effet a frappé tous les pays et toutes les régions du monde, a eu des répercussions sur tous les aspects de la vie quotidienne et éprouvé la capacité des États à intervenir de manière prompte et proportionnée à la gravité de la situation.

La récession provoquée par la pandémie de COVID-19 a été la plus grave, mais aussi la plus brève, que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale (Cohen, 2021[29]). La plupart des pays de l’OCDE ont mis en œuvre des mesures qui ont délibérément restreint les activités économiques et sociales afin de limiter les contacts entre personnes et la propagation du virus. Les conséquences sur la croissance de la production ont été considérables, avec un recul du PIB de la zone OCDE de près de 5 % pour l’année 2020 (OECD, 2021[30]). L’effet immédiat de la crise sur les marchés du travail des pays de l’OCDE a été dix fois plus fort qu’au cours des premiers mois de la crise financière mondiale de 2008 (OECD, 2020[31]). Le rebond économique a cependant été lui aussi plus vigoureux, à la faveur des interventions sans précédent décidées par les pouvoirs publics et les banques centrales, ainsi que grâce aux progrès de la vaccination (voir le chapitre « Prospérité »). À cela s’ajoute que les filets de protection sociale, les dispositifs de maintien dans l’emploi et les programmes d’assistance alimentaire ont amorti les effets immédiats de la crise sur la pauvreté et la faim (voir le chapitre « Peuples »).

La pandémie a néanmoins exacerbé certaines faiblesses structurelles qui affectent de longue date les pays de l’OCDE et risque d’avoir des conséquences dans la durée sur les perspectives d’emploi et le niveau de vie de la population. En outre, en raison du caractère fortement sectoriel des répercussions de la crise, certaines catégories de travailleurs ont supporté l’essentiel de ses conséquences tandis que d’autres, qui en ont moins souffert, ont aussi bénéficié plus rapidement de la reprise (OECD, 2021[32]). Les jeunes ont été particulièrement touchés par la crise, car ils occupent généralement des emplois moins sûrs et sont surreprésentés parmi le personnel des secteurs frappés de plein fouet, comme l’hébergement et la restauration (OECD, 2020[31]). Ils comptent aussi parmi les catégories de population qui ont vu leur santé mentale, leur vie sociale et leur bien-être subjectif se détériorer le plus (OECD, 2021[33]).

La crise a ébranlé les institutions. Dans de nombreux pays, les mesures prises pour tenter d’éviter la propagation du virus ont conduit à limiter la fréquentation des infrastructures de soins ou des établissements scolaires. La pandémie a été le révélateur, en même temps que le facteur aggravant, des défauts des systèmes de médecine préventive et curative, de la préparation à ce genre de crise et de la distribution d’équipement médical. La fermeture des établissements scolaires a pénalisé l’instruction des jeunes et compliqué encore leur insertion sur le marché du travail (OECD, 2021[21]). Il est possible que ces perturbations soient longtemps encore la cause de difficultés pour les pays de l’OCDE (voir le chapitre « Peuples »). Au-delà des systèmes d’enseignement et de santé, la crise du COVID-19 a aussi été une rude épreuve pour les États, et beaucoup d’entre eux ont pu s’apercevoir à cette occasion des lacunes de leur administration ou au contraire des chevauchements de compétences entre ses différentes composantes (OECD, 2020[34]).

La pandémie a d’autre part mis sous pression les sources de financement public. Les vastes plans de relance introduits par les pays de l’OCDE ont procuré une aide aussi nécessaire qu’effective aux ménages et aux entreprises. Cela étant, ils ont largement accru la dette publique. L’« effet de ciseaux » du financement des ODD – accroissement des besoins et diminution des ressources – s’est trouvé amplifié par la nécessité de faire face à la pandémie. Le fonctionnement interne de l’État, qui plus est, a souvent été soumis à de moindres exigences sous le rapport des consultations, de la transparence, de la supervision ou du contrôle (voir le chapitre « Paix et Partenariats »).

La contraction de l’activité économique ayant résulté de la crise du COVID-19 s’est traduite par une amélioration temporaire de la qualité de l’environnement, caractérisée par une baisse passagère des émissions mondiales de gaz à effet de serre, une amélioration temporaire de la qualité de l’eau des cours d’eau et des zones côtières et un relâchement de la pression exercée sur la biodiversité. Si l’on doit y voir une preuve supplémentaire de l’interférence des activités humaines avec le climat, les écosystèmes et la biodiversité, ces effets bénéfiques n’ont toutefois pas été durables. La reprise s’accompagne d’ores et déjà d’une détérioration de la situation environnementale (voir le chapitre « Planète »).

Les pays, d’une manière générale, ont su réagir à la hauteur des événements et avec la promptitude requises en ces circonstances exceptionnelles, quoique la crise les ait pris au dépourvu pour la plupart (OECD, 2021[22]). La majorité des pays de l’OCDE ayant aujourd’hui administré deux doses de vaccin à la plus grande partie de la population cible, la menace de nouvelles vagues d’hospitalisations et de décès s’éloigne, même si de nombreuses incertitudes subsistent.

Les taux de contamination demeurent en effet élevés, et les pays où la couverture vaccinale est relativement peu étendue ne sont pas à l’abri d’une reprise épidémique. En outre, nombreux sont les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire dont le taux de vaccination demeure faible et qui offrent ainsi un terrain propice à l’apparition de variants plus dangereux. La fourniture de vaccins aux économies émergentes et aux économies en développement devrait s’améliorer en 2022 et 2023, mais reste pour l’heure en deçà des attentes. À moins que la vaccination ne prenne les variants de vitesse, la pandémie restera un élément déterminant pour l’économie mondiale dans les années à venir (OECD, 2021[21]).

La pandémie de COVID-19 n’est pas le seul bouleversement à avoir affecté la vie quotidienne et l’emploi ces dernières années. Des feux de forêt de grande ampleur (notamment en Sibérie et en Australie – peut-être les plus importants jamais connus – ainsi qu’en Californie et en Turquie), des canicules et des sécheresses sans précédent (dans l’ouest de l’Amérique du Nord, par exemple), des vagues de froid polaire et des inondations catastrophiques (en Allemagne, en Belgique et dans l’ouest du Canada, par exemple) ont fait des milliers de morts, causés de graves dégâts matériels et sérieusement perturbé l’activité économique. L’ouragan Ida, entre la fin août et le début du mois de septembre 2021, a été l’une des tempêtes les plus coûteuses de toute l’histoire des États-Unis. Au mois de décembre suivant, la tempête Barra a donné lieu aux pires inondations que l’Espagne et la France aient connues depuis des décennies. Les événements météorologiques de ce genre, et d’autres encore, deviennent plus fréquents et plus graves en raison de l’élévation du niveau de la mer et du réchauffement atmosphérique (OECD, 2021[21]; IPCC, 2021[35]; World Meteorological Organisation, 2021[36])

La crise du COVID-19 a conduit les gouvernements des pays de l’OCDE à reconsidérer certaines idées reçues au sujet du rôle des politiques macroéconomiques et à adopter en conséquence des mesures budgétaires d’une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale. Les plans de relance adoptés par la plupart d’entre eux offrent une occasion de reconstruire en mieux et de renforcer la résilience systémique afin de faire face aux chocs futurs. Si rien n’est fait, les grands défis de l’avenir – entre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, sans oublier le vieillissement démographique, la transformation numérique et les remises en cause du contrat social – pourraient causer à l’économie et à la société des dommages bien plus considérables que ceux du COVID-19. Aussi les grands plans d’investissement public appliqués depuis le déclenchement de la crise sont-ils essentiels à la remise à niveau des infrastructures critiques, à la transition verte, à la réduction de la fracture numérique ainsi qu’à la prévention et à l’atténuation des chocs futurs. Le défi qui nous attend sera d’accorder la vigueur de la reprise visée à court terme aux objectifs à moyen et long termes énoncés dans les ODD, afin que cette reprise soit verte, inclusive et résiliente.

Le présent rapport conclut à la nécessité de redoubler d’efforts au cours des huit années qui nous séparent encore de 2030, cependant nous n’avons qu’une connaissance partielle du chemin déjà parcouru par les pays en direction des ODD. Les données demeurent très lacunaires. Dans l’ensemble, les renseignements disponibles au regard des différents indicateurs couvrent 136 cibles mondiales sur les 169 associées aux 17 ODD. Comme indiqué dans le Graphique 1.5, la couverture des indicateurs est inégale. À titre d’exemple, les données relatives aux pays de l’OCDE permettent d’apprécier plus de 80 % des cibles à atteindre pour 11 ODD sur 17, mais on est en deçà de ce seuil pour les objectifs ayant trait à l’Alimentation et à la faim (Objectif 2), à l’Égalité entre les sexes (Objectif 5), à la Vie aquatique (Objectif 14), aux Villes durables (Objectif 11), à la Paix, à la justice et aux institutions (Objectif 16) et aux Partenariats pour la réalisation des objectifs (Objectif 17).

Les lacunes sont plus criantes encore dans le cas des indicateurs qui permettent d’apprécier la distance à parcourir pour atteindre les objectifs. On dispose certes de données pour 136 des 169 cibles, mais il n’est pas toujours possible pour autant d’apprécier correctement les progrès accomplis à l’heure actuelle (se reporter à l’Annexe méthodologique pour les précisions). Ainsi, la couverture effective des cibles excède 80 % seulement pour les objectifs Bonne santé et bien-être et Éducation de qualité (Objectifs 3 et 4), alors qu’elle représente moins de la moitié de ce niveau dans le cas de l’Objectif 17, Partenariats pour la réalisation des objectifs.

L’évaluation dynamique de la performance des pays au regard des ODD soulève d’autres problèmes sur le plan des données, problèmes qui touchent en particulier à la disponibilité de séries chronologiques robustes9. Le Graphique 1.5 nous montre que, dans le cas de sept objectifs, principalement ceux de la catégorie Planète – Consommation et production responsables (Objectif 12), Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques (Objectif 13), Vie aquatique (Objectif 14) et Vie terrestre (Objectif 15) –, mais aussi ceux ayant trait à l’Égalité entre les sexes (Objectif 5), aux Villes durables (Objectifs 11) et aux Partenariats pour la réalisation des objectifs (Objectif 17), les données manquent pour juger des progrès accomplis au regard de plus de 60 % des cibles.

Au-delà de la disponibilité des données, de nombreuses autres carences influencent la compréhension des progrès accomplis au regard du Programme 2030 – mal appréhendées, elles peuvent conduire à des conclusions biaisées. La disponibilité des données est l’une des difficultés les plus marquantes qui font obstacle à toute évaluation plus solide des progrès réalisés par les pays pour honorer leurs engagements au titre du Programme 2030. Cependant, d’autres lacunes statistiques, par exemple en ce qui concerne l’actualité ou la granularité des données, pèsent-elles aussi lourdement sur notre évaluation. À titre d’exemple, faute de données suffisantes, les effets de la pandémie sur l’éloignement des cibles et les trajectoires suivies à l’heure actuelle sont rarement pris en compte dans nos estimations (Graphique 1.6). D’une manière plus générale, si le cadre de notification relatif aux ODD est incomplet, n’est pas actualisé, ou ne couvre pas d’importants pans de la population, toute déduction quant aux politiques susceptibles de favoriser la concrétisation du Programme 2030 deviendra hasardeuse.

Alors que l’échéance de 2030 fixée pour la réalisation des ODD se rapproche, l’Organisation des Nations Unies et la communauté internationale tout entière vont devoir commencer à réfléchir à un nouveau cadre d’action mondial. À huit ans du terme, et en dépit des progrès accomplis dans certains domaines, les améliorations varient fortement d’un objectif, d’un pays ou d’une région aux autres. Afin de pérenniser l’élan créé par les ODD, il sera nécessaire d’élaborer un cadre destiné à prendre la relève après 2030, un cadre qui reprendrait les points forts du Programme d’action 2030 tout en corrigeant les défauts des ODD actuels.

Outre les problèmes de mesure et de suivi déjà soulevés, il faudra réfléchir plus attentivement aux moyens de rendre compte de l’imbrication des différents objectifs, cibles et indicateurs et de leur cohérence d’ensemble. La plupart des objectifs comportent des aspects économiques, sociaux et environnementaux, cependant les cibles et indicateurs n’en donnent souvent qu’un aperçu partiel. On en a un exemple avec le manque de prise en compte de l’égalité entre les sexes dans les ODD relatifs à la planète et les cibles et indicateurs connexes. Seuls 5 % de ces indicateurs sont mentionnés dans le cadre comme étant pertinents au regard de l’égalité entre hommes et femmes (OECD, 2021[37]). Bien que la disponibilité des données soit clairement une limite majeure à un élargissement de la portée de certains indicateurs, le cadre lui-même devrait rendre compte des interactions possibles entre les différents objectifs.

Le Programme d’action 2030 est un programme mondial par essence. Dans bien des cas, il ne sera pas évident de mettre l’accent sur les performances des pays. Si l’adaptation aux effets du changement climatique et l’atténuation de ces mêmes effets ont nécessairement une dimension nationale, le suivi et l’évaluation sont quant à eux de nature mondiale et excèdent largement la compétence d’un quelconque pays. Les instruments de mesure et systèmes de comptabilité mondiaux, à l’image du Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE), sont indispensables à la définition d’indicateurs communs. Il s’agit en effet de biens publics au sens courant du terme, au même titre que la mesure et le suivi de la pauvreté et des inégalités dans le monde (Kanbur, Patel and Stiglitz, 2018[38]).

Autre aspect méthodologique exigeant d’être affiné, la distinction entre les mesures portant sur les instruments d’action et les mesures portant sur les résultats finaux. Il faudra impérativement rendre compte séparément de ces deux types de mesures pour pouvoir apprécier le degré de cohérence des plans de relance à court terme adoptés par les pays au lendemain de la crise du COVID-19 avec les objectifs à long terme définis dans le Programme d’action 2030. Il est reconnu dans le cadre relatif aux ODD que les progrès doivent être appréhendés dans leur globalité pour tenir compte des arbitrages, des effets d’entraînement et des conséquences imprévues qui sont le corollaire inévitable de toute décision stratégique et décision d’investissement. Or les 17 ODD (tant par leur formulation générale que par leur déclinaison en cibles détaillées) couvrent un ensemble d’aspects de la chaîne de causalité, des ressources aux processus en passant par les produits et les résultats. Le grand nombre des objectifs et des cibles, disséminés le long de la chaîne ressources-produits-résultats, soulève des difficultés évidentes dans le domaine de l’évaluation.

Enfin, les ODD mettent en évidence la tension inévitable entre la tendance à vouloir élargir la palette des mesures utilisées pour suivre les progrès accomplis et l’impératif de se concentrer sur un petit nombre d’indicateurs de haut niveau – tension qui ne pourra être résolue que par une hiérarchisation des objectifs et cibles des Nations Unies en fonction des priorités nationales. Le processus associé aux ODD révèle la tension qui existe entre aspiration à l’exhaustivité, d’une part, et besoin de clarté, d’autre part. Il va sans dire que, plus les informations réunies seront précises et plus les données seront ventilées de manière fine, plus l’on pourra dresser un état complet de la situation. Les 169 cibles des ODD et leurs 247 indicateurs offrent une bonne base et ont l’avantage d’avoir fait l’objet d’un consensus international. Leur mise en œuvre doit toutefois rester soucieuse des besoins et priorités des pays, ainsi que des limites inhérentes aux ressources disponibles. La transparence et la souveraineté voudraient que la rationalisation et la sélection des cibles et des indicateurs, dont il est question ici, passent par un dialogue national éclairé par des cadres internationaux (Stiglitz, Fitoussi and Durand, 2018[39]).

Références

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[8] Statistics Denmark (2017), Statistical follow-up on the 2030 Agenda - Denmark - Data on selected indicators showing the development from 2005-2015.

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[39] Stiglitz, J., J. Fitoussi and M. Durand (eds.) (2018), For Good Measure : Advancing Research on Well-being Metrics Beyond GDP, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264307278-en.

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[1] UN (2021), The Sustainable Development Goals Report, United Nations, New York, https://unstats.un.org/sdgs/report/2021/The-Sustainable-Development-Goals-Report-2021.pdf (accessed on 14 March 2022).

[3] UN (2021), The Sustainable Development Goals Report, United Nations, New York, https://unstats.un.org/sdgs/report/2021/The-Sustainable-Development-Goals-Report-2021.pdf (accessed on 14 March 2022).

[16] UN (2020), Sustainable Development Goals: Decade of Action, https://www.un.org/sustainabledevelopment/decade-of-action/ (accessed on 14 March 2022).

[4] UN (2015), 70/1. Transforming our world: the 2030 Agenda for Sustainable Development, https://sdgs.un.org/2030agenda.

[14] UNDESA (2021), SDG Global Database, The United Nations (UN) Department of Economic and Social Affairs, https://unstats.un.org/sdgs/dataportal.

[23] UNDESA (2021), Trust in public institutions: Trends and implications for economic security, https://www.un.org/development/desa/dspd/2021/07/trust-public-institutions/ (accessed on 14 March 2022).

[36] World Meteorological Organisation (2021), WMO Atlas of Mortality and Economic Losses from Weather, Climate and Water Extremes (1970-2019), World Meteorological Organization (WMO), Geneva, https://library.wmo.int/doc_num.php?explnum_id=10989.

La présente édition du rapport Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD fait fond sur les éditions précédentes afin d’évaluer la distance que les pays de l'OCDE doivent parcourir pour atteindre les cibles des ODD inscrits au Programme 2030. Elle approfondit en outre l’analyse en cherchant à déterminer si les pays se rapprochent ou au contraire s’éloignent des cibles, et la probabilité qu’ils remplissent leurs engagements d’ici à 2030.

Aux fins de cette évaluation, chaque partie des cinq chapitres thématiques du présent rapport porte sur un seul Objectif de développement durable et comprend un graphique illustrant la position des pays de l'OCDE s’agissant de leurs résultats actuels et des évolutions enregistrées (voir descriptif ci-dessous) pour chaque cible.

Pour plus de clarté, tous les graphiques sont composés de la même manière.

La partie A présente la distance à parcourir par les pays de l’OCDE pour atteindre la cible fixée pour 2030, à un moment donné. Comme indiqué dans l’annexe méthodologique, la distance des pays par rapport à la cible est mesurée comme « l’écart normalisé » entre la situation actuelle d’un pays et la cible à atteindre. Pour chaque indicateur, l’unité de mesure normalisée correspond à l’écart-type observé entre les pays de l’OCDE au cours de l’année de référence (c’est-à-dire l’année la plus proche de 2015) :

  • sont désignés en bleu clair les pays qui (en fonction des dernières informations disponibles) sont très proches de la cible finale (c’est-à-dire qui se situent à moins de 0.5 écart-type ou unité normalisée de la cible) ;

  • sont désignés en bleu moyen les pays qui occupent une position intermédiaire (de 0.5 à 1.5 unité normalisée) ; et

  • sont désignés en bleu foncé les pays qui sont encore loin des cibles (à plus de 1.5 unité normalisée).

La partie B présente la probabilité qu'ont les pays d’atteindre les différentes cibles d’ici à 2030, à partir de l’évolution des différents indicateurs au cours de la période la plus récente :

  • sont désignés en vert les pays qui (en fonction de l’évolution récente des différents indicateurs) devraient atteindre la cible en 2030 s’ils maintiennent leur rythme de progression actuel (ce qui signifie que plus de 75 % des projections (aléatoires) pointent vers une cible atteinte) ;

  • sont désignés en jaune les pays dont le rythme de progression actuel est insuffisant pour atteindre la cible d’ici à 2030 (ce qui signifie que moins de 75 % des projections aléatoires atteignent la cible, tandis que le coefficient de corrélation entre l’indicateur et l’année est élevé et statistiquement significatif, ce qui donne à penser qu’une tendance pourrait être dégagée) ; et

  • sont désignés en rouge les pays qui ont stagné dernièrement ou qui se sont éloignés de la cible (ce qui signifie que moins de 75 % des projections aléatoires atteignent la cible, et que le coefficient de corrélation entre l’indicateur et l’année est faible ou non statistiquement significatif, donnant à penser qu’aucune tendance statistique ne peut être dégagée).

Les méthodes et concepts sont présentés plus en détail dans l’annexe méthodologique.

Notes

← 1. Les 5P ont été mentionnés pour la première fois dans le préambule de la résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2015 (UN, 2015[4]). Ce rapport s’appuie sur les 5P pour décrire la situation des pays membres, même s’ils ne constituent pas, à la date de rédaction du présent rapport, une classification officielle des Nations Unies pour les 17 objectifs.

← 2. Le cadre mondial d’indicateurs comprend 231 indicateurs uniques. Toutefois, douze indicateurs sont utilisés au titre de deux ou trois cibles différentes. C’est pourquoi on dénombre au total 247 indicateurs dans le cadre mondial d’indicateurs relatifs aux ODD.

← 3. Si la classification par niveau est utile au suivi à l’échelle mondiale, elle ne peut pas être utilisée pour restreindre l’analyse à une série donnée de pays. Par exemple, ce rapport couvre les cibles étayées par des indicateurs de niveau III, tandis que les données portant sur les pays de l'OCDE pourraient manquer d’indicateurs de niveau I.

← 4. Pour compléter le rapport principal, l’OCDE s’est appuyé sur la même méthodologie pour mettre au point des évaluations sur mesure pour certains pays, et a également publié une série de documents de travail thématiques. Par exemple, la méthodologie utilisée dans ce rapport a été adaptée pour évaluer la distance que les pays de l’OCDE doivent parcourir pour atteindre les cibles des ODD relatives aux enfants et aux jeunes (Marguerit, Cohen and Exton, 2018[49]) et aux filles et aux femmes (Cohen and Shinwell, 2020[48]). D’autres études portent sur l’analyse des aspects transfrontaliers du Programme 2030, en vue de mieux comprendre comment les politiques des pays ou leur mode de développement ont des répercussions à la fois sur les autres pays et sur les ressources mondiales partagées (Ino, Murtin and Shinwell, 2021[50]).

← 5. L’édition 2019 du rapport Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD (2019[17]) présentait la moyenne de l’OCDE et la distance à parcourir par chaque pays pour 105 des 169 cibles, en s’appuyant sur 132 indicateurs extraits des bases de données de l’OCDE et des Nations Unies. Elle contenait aussi une analyse des données manquantes, afin de déterminer dans quels domaines les données disponibles ne permettent pas de réaliser une évaluation complète par pays de la distance à parcourir pour atteindre les objectifs.

← 6. Par ailleurs, des données contenues dans de précédentes éditions de ce rapport ont été citées dans des examens nationaux volontaires soumis au Forum politique de haut niveau pour le développement durable des Nations Unies par huit pays de l'OCDE (Kingdom of Belgium, 2017[44]; Office of the Government of the Czech Republic, 2017[45]; The Danish Government, 2017[43]; Government of Israel, 2019[47]; Government of Poland, 2018[46]; Government of the Republic of Slovenia, 2017[40]; Deputy Prime Minister’s Office for Investments and Informatization of the Slovak Republic, 2018[41]; Government of Sweden, 2017[42]). La méthodologie utilisée aux fins du rapport Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD étaye également le soutien apporté par l’OCDE aux stratégies nationales conformément au Programme 2030 (Slovénie, République slovaque et Pologne par exemple). Plus récemment, les travaux menés aux fins de l’élaboration de ce rapport ont étayé des projets de coopération bilatérale relatifs à la mise en œuvre des ODD (Corée, Pologne et Italie).

← 7. La cible 4.5 sur les inégalités dans le domaine de l’éducation n’est pas incluse dans le Tableau 1.2 parce qu’il s’agit de la seule cible pour laquelle la distance moyenne à parcourir par l’OCDE est supérieure à 1.5 unité normalisée. Cette cible est toutefois incluse dans l’analyse étant donné qu’en moyenne, les pays de l’OCDE se situent à 1.49 unité normalisée de la cible.

← 8. Comme déjà indiqué, pour les cibles relatives au climat (principalement l’objectif 13), le niveau d’ambition est particulièrement bas. En effet, l’Accord de Paris sur le changement climatique est entré en vigueur plus d’un an après la définition des ODD. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne prend donc pas en considération l’ambition de l’Accord de Paris.

← 9. Autant que faire se peut, les séries chronologiques sont remontées, dans le présent rapport, sur les deux dernières décennies. Concrètement, étant donné que certaines de ces séries sont beaucoup plus courtes que cela, le critère minimum à respecter pour qu’elles soient prises en compte dans l’analyse dynamique conduite ici est qu’il y ait au moins trois observations disponibles sur une période de cinq ans.

Disclaimers

Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les opinions et les arguments exprimés ici ne reflètent pas nécessairement les vues officielles des pays Membres de l'OCDE.

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région.

Crédits photo : Couverture © Illustration réalisée par Sonia Primot (Direction des statistiques et des données).

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